— Je ne sais pas si j’ai pris la bonne décision, admit-il.
Il savait que l’entrep?t du quartier des Lacs n’était pas le seul endroit où Thésée stockait des armes. Il n’était pas bête à ce point, même si Hadès espérait tout de même avoir considérablement réduit son arsenal.
— Je ne sais pas s’il y a de bonnes ou de mauvaises décisions, vu la direction que l’on prend, dit Ilias. Il y a seulement des décisions et leurs conséquences.
Hadès supposait que c’était vrai.
Il vit alors que le regard du satyre s’était détourné, il écarquillait les yeux en se levant de sa chaise.
— Hadès, les infos.
Mais Hadès s’était déjà tourné et avait vu le flash info sur l’écran de télévision : UNE EXPLOSION ET DES TIRS FRAPPENT LE STADE TALARIA Thésée n’avait pas attendu pour se venger.
*
* *
Hadès apparut en plein c?ur du chaos qui ravageait le stade.
La magie des dieux pesait dans l’atmosphère. Ils se battaient dans des cris horrifiés, des tintements métalliques et des coups de feu.
— Perséphone ! cria Apollon quand une balle la toucha à l’épaule.
Elle vacilla et Hadès la rattrapa avant qu’elle ne s’effondre.
— Je suis là, dit-il en se téléportant immédiatement aux Enfers, laissant assumer aux autres Olympiens le chaos qui régnait au stade.
Putain de Moires !
Combien de fois cela allait-il arriver ?
Il la déposa sur le lit, ayant tout juste assez de patience pour l’aider à enlever son blouson. Quand ce fut fait, il déchira sa robe pour inspecter la plaie.
— Q… qu’est-ce que tu fais ? grogna-t-elle en serrant les dents.
— J’ai besoin de voir si la balle est ressortie, dit-il.
Il étudia son dos et vit une blessure par où la balle avait d? ressortir.
— Laisse-moi la guérir, dit-elle.
— Perséphone…
— Il faut que j’essaie ! rétorqua-t-elle. Hadès…
Il se for?a à reculer, même s’il avait envie de le faire lui-même. Il était plus rapide, et cela l’apaiserait. De toutes les fois où elle voulait s’entra?ner, pourquoi maintenant ?
— Fais-le, Perséphone, aboya-t-il.
Il ne voulait pas être aussi dur et il savait que ?a ne pouvait pas être facile pour elle. C’était elle qui était blessée, mais Hadès paniquait.
Elle respira profondément et ferma les yeux. Hadès regardait la plaie, attendant un signe que sa magie fonctionnait, de plus en plus frustré de la voir continuer de saigner.
— Maintenant, grogna Hadès, impatient, mais il vit sa magie à l’?uvre et la plaie se refermer.
— Je l’ai fait, dit-elle en souriant à Hadès en ouvrant les yeux.
— Tu l’as fait, acquies?a-t-il, même s’il avait envie de vérifier, au cas où.
Il voulait retourner au stade et aider les Olympiens à tuer ceux qui avaient attaqué les mortels. Il laisserait une nuée de cadavres entremêlés en guise de mise en garde contre quiconque envisageait de participer ou de poursuivre ces horribles assauts.
— Tu penses à quoi ? demanda Perséphone.
— Tu n’as pas envie de le savoir, répondit-il. Viens, on va te nettoyer.
Il l’emmena dans la salle de bains, la portant même si elle était parfaitement capable de marcher. Quand ils furent nus, il l’embrassa et palpa son épaule pour s’assurer qu’elle était bien guérie, y diffusant un peu de sa magie.
Elle recula, étudiant sa peau désormais bien lisse.
— Je n’ai pas bien fait ? demanda-t-elle.
— Bien s?r que si, Perséphone, répondit Hadès.
Il ne voulait pas qu’elle se sente incapable.
— Je suis simplement surprotecteur et j’ai peur pour toi. Et peut-être qu’égo?stement, je veux retirer tout ce qui me rappelle que j’ai échoué à te protéger.
— Hadès, tu n’as pas échoué, dit-elle.
— Soyons d’accord sur notre désaccord, grogna-t-il.
— Si tu es d’accord pour dire que j’ai bien fait, insista-t-elle, alors accepte que toi aussi, Hadès.
Il espérait qu’un jour, il la croirait.
Elle promena ses mains sur son torse avant d’entourer son cou.
— Je suis désolée, dit-elle. Je ne voulais pas que tu souffres à nouveau comme tu as souffert après la mort de Tyché.
— Tu n’as aucune raison de t’excuser, dit-il avant de l’embrasser.
Ils se douchèrent ensemble, se savonnant l’un l’autre jusqu’à être bouillants et fiévreux, mais Hadès ne pouvait se convaincre d’assouvir ses désirs. Il s’était passé trop de choses, ce soir. Au lieu de ?a, il compta sur les mots et lui dit qu’il l’aimait.
— Je t’aime aussi, répondit-elle à voix basse. Plus que tout.
Ses yeux se remplirent de larmes et il chuchota son nom et la prit dans ses bras. Il les porta devant la cheminée et s’assit en la prenant sur ses genoux, blottie contre son torse.
— Tous ces gens… partis, chuchota-t-elle.
Les morts massives n’étaient jamais faciles, et ils en avaient connu beaucoup en très peu de temps.
— Tu ne pourras pas consoler tous ceux qui arrivent aux Enfers sans s’y attendre, Perséphone. Il y a bien trop de victimes de ce genre. Rassure-toi : les ?mes d’Asphodèle y sont et elles te représentent à merveille.
— Elles te représentent aussi, Hadès, lui rappela-t-elle avant de rester silencieuse un moment. Et les agresseurs qui sont morts ce soir ? demanda-t-elle — Ils seront punis au Tartare, dit-il avant de marquer une pause en la regardant dans les yeux. Tu souhaites y aller ?
Elle esquissa un petit sourire qui n’avait rien d’enjoué ; elle reconnaissait simplement qu’il avait changé.
— Oui, répondit-elle. J’aimerais y aller.
*
* *
Hadès emmena Perséphone au Tartare, dans son antre de monstres. Certaines des créatures ici étaient mortes, d’autres étaient vivantes et retenues prisonnières, mais cela ne retirait rien à leur utilité en matière de torture.
Perséphone regarda autour d’elle en se frottant les bras. La magie était pesante, ici. Elle était différente et elle planait dans l’air comme le froid glacial de l’hiver, opprimant les monstres qui résidaient ici.
De temps en temps, l’écho lointain d’un grognement, d’un hurlement ou d’un cri résonnait dans le donjon.
— Il y a des monstres ici, expliqua Hadès.
— Quel genre de monstres ?
— Ils sont nombreux, répondit-il en haussant les sourcils. Certains sont ici parce qu’ils ont été tués, d’autres parce qu’ils ont été capturés. Viens.
Il l’invita à passer les grilles et l’emmena dans le donjon, le long du couloir sombre et des cellules obscurcies. Les cris bestiaux se faisaient de plus en plus forts, ponctués d’une plainte atroce.
— Ce sont les harpies, dit Hadès.
C’était des créatures mi-humaines, mi-oiseaux qui étaient souvent insatiables dans leur quête de nourriture et qui servaient de ch?timent aux mortels.
— Aell?, Ocypétès et Célaéno, poursuivit-il. Elles s’agitent, surtout quand le monde est plongé dans le chaos.
— Pourquoi ?