La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

Le cyclope l’étudia d’un air suspicieux, mais il finit par former un bol avec sa main et la plonger dans l’eau pour la remplir de vin. Il porta sa main à sa bouche et s’arrêta un instant, découvrant le go?t sur sa langue.

— C’est bon, ronronna-t-il avant d’enfouir toute sa tête dans le vin, vidant le lac.

Le cyclope s’assit au milieu de ses moutons, et Dionysos attendit que le vin fasse son effet.

— Quel est ton nom, étranger ?

— Oh, je suis personne, dit Dionysos, préférant ne pas révéler son nom, même s’il était un dieu.

— Personne ? dit le cyclope. Je suis Polyphème.

— Enchanté.

— Comment es-tu arrivé sur mon ?le ?

— Je me suis échoué ici, dit Dionysos. Je crains de ne pas savoir où je suis.

— On est sur Thrinacie. Il faut que tu le saches si tu veux revenir un jour.

Dionysos lui sourit. Au moins il savait à peu près où ils étaient.

— Tu veux plus de vin ? demanda Dionysos.

— Mais il n’y a plus d’eau à changer en vin, dit Polyphème.

— Je n’ai pas besoin d’eau pour faire du vin, dit Dionysos.

Soudain, le lac fut rempli, et Polyphème le vida à nouveau.

Cette fois, Dionysos le resservit sans demander.

— C’est une sacrée farce, dit Polyphème en clignant lentement des yeux et en vacillant.

— Je suppose qu’on peut appeler ?a une farce, oui.

— Je crois… je crois que j’ai été empoisonné, bafouilla le cyclope.

Il pencha dangereusement sur le c?té, puis s’étala sur le sol, inconscient.

Dès qu’il fut à terre, Dionysos se leva d’un bond et Ariadne sortit de l’ombre en courant, elle se jeta dans ses bras.

— Dionysos, chuchota-t-elle.

Son nom ne lui avait jamais paru aussi doux.

Il l’embrassa et prit son visage dans ses mains.

— Est-ce que tu vas bien ?

— Oui, dit-elle en le regardant dans les yeux. Tu es venu me chercher.

— Bien s?r.

L’Ophiotauros souffla, attirant leur attention, et Ariadne prit la main de Dionysos pour se rapprocher de la créature.

— Je te présente Bully, dit-elle. C’est un ami.

— Bully ? répéta Dionysos.

Un ami ?

— Tu as baptisé l’Ophiotauros ?

— Il fallait bien que je lui donne un nom, il m’a protégée.

Dionysos sourit en secouant la tête.

— Putain, Ari. Je ne savais pas quoi penser. Je…

— Tout va bien, Dionysos, dit-elle en le regardant dans les yeux, et il l’embrassa encore une fois.

Il était trop soulagé pour se poser des questions, trop reconnaissant qu’elle aille bien pour se sentir mal à l’aise ou pour hésiter.

— Trop chou, dit une voix, et l’Ophiotauros rugit.

Ils se tournèrent et se trouvèrent face à Thésée et à deux hommes qui avaient immobilisé l’Ophiotauros. Bully était plaqué sur le dos et son ventre lisse était exposé.

Ariadne n’eut même pas le temps de hurler avant que Thésée ne plonge son couteau dans le ventre de la bête et le fende.

— Non ! cria Ariadne en se débattant dans les bras de Dionysos, qui refusait de la l?cher.

Le cri de l’Ophiotauros se changea en un faible gémissement, puis il ne fit plus aucun bruit.

— Va te faire foutre ! cracha Ariadne en sanglotant.

Dionysos la serra contre lui, les bras croisés sur sa poitrine.

— Alors ?a, je ne m’y attendais pas, dit Thésée. Tu t’es attachée à un autre monstre que Dionysos.

— C’est toi, le monstre ! siffla-t-elle.

Thésée posa sa main sur son c?ur.

— Oh, comme tu me blesses, Ariadne, après tous les soins que je prodigue à ta s?ur.

— Ne le laisse pas te provoquer, Ari.

— Ah, c’est Ari, maintenant ? demanda Thésée en rivant son regard sur Dionysos. Tu t’es mis à l’appeler comme ?a avant ou après que vous avez baisé ?

Dionysos le fusilla du regard. Il ne savait pas si le demi-dieu faisait des suppositions, mais sa fixette sur Ariadne était évidente. C’était plus que de la jalousie. C’était une obsession.

Les hommes de Thésée en finirent avec l’Ophiotauros, puis ils se postèrent à ses c?tés, les mains pleines d’intestins.

— C’est dommage, Ari, que tu ne voies pas mon potentiel alors même que je le tiens entre mes mains.

— Tes mains à toi sont vides, dit-elle.

Dionysos gloussa, mais Thésée lui lan?a un regard assassin en esquissant une moue furieuse, puis il leva la main dans laquelle il tenait le couteau ensanglanté.

— Oh, regarde. Tu te trompes, dit-il.

Thésée apparut devant eux et voulut poignarder Ariadne, mais Dionysos para le coup avec son bras. La lame se planta dans sa chair, mais il invoqua son thyrse en même temps et le planta dans le ventre du demi-dieu. Celui-ci écarquilla les yeux et Dionysos se dégagea de lui. Thésée tituba en arrière, une main sur son ventre.

— Si tu la touches, je te tuerai, dit Dionysos.

— Va falloir faire la queue, répondit Thésée.

Il sourit, révélant ses dents couvertes de sang.

Apparemment, Thésée mettait du temps à se guérir. C’était une faiblesse qui pouvait être fatale. Il en était clairement conscient, car il décida de ne pas réattaquer. Au lieu de ?a, ses deux hommes et lui disparurent, emportant les intestins de l’Ophiotauros avec eux.

Une fois seuls, Dionysos l?cha Ariadne, qui se jeta à genoux devant la créature. Elle poussa un cri atroce en tendant la main pour la caresser, et la seule chose que Dionysos put faire fut de la tenir dans ses bras.

— Je le déteste, dit Ariadne d’une voix tremblante.

— Je sais.

Il ne sut pas combien de temps ils restèrent là, mais il sentit la magie d’Hermès surgir et il se redressa, sur ses gardes. Il savait que c’était un réflexe après que le dieu de la Ruse avait hanté ses rêves une ou deux fois. Tandis que sa magie les entourait, ils furent tirés de la grotte et déposés sur le sol brillant du bureau d’Hadès, à Nevernight.

— Je ne pensais pas te voir un jour agenouillé à mes pieds, dit Hadès.

Dionysos ignora Hadès et se leva en aidant Ariadne à en faire de même. Elle s’essuya le visage, essayant de se remettre de l’horreur qu’ils venaient de vivre dans la grotte.

Quand Dionysos leva les yeux vers le dieu des Morts, il découvrit un mélange de frustration et de confusion sur son visage.

— Peut-être devrais-tu t’entra?ner à t’agenouiller, toi aussi, dit le dieu de la Vigne. Il va falloir t’y faire. Thésée a tué l’Ophiotauros.





Chapitre XXXIV



Hadès





Hadès était assis sur le canapé, les yeux rivés sur les flammes de la cheminée. Il aurait d? réfléchir à ce qu’il allait faire maintenant que l’Ophiotauros avait été tué, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à Perséphone. Ce n’était même pas la fa?on dont ils s’étaient quittés qui le dérangeait mais leur avenir, qui serait sans doute inexistant quand Zeus découvrirait tout ce qu’il lui cachait. Combien de temps son frère mettrait-il avant d’apprendre non seulement que l’Ophiotauros avait été tué mais qu’Hadès était responsable de sa résurrection parce qu’il avait tué Briarée, l’un des amis et serviteurs les plus proches du roi des dieux ?

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