Il l’étudia un moment avant de s’attarder sur sa bouche.
— Souviens-toi seulement que je t’aime.
Elle s’installa à cheval sur lui et s’assit sur sa verge jusqu’à l’avoir entièrement avalée. Aucun mot ne fut échangé tandis qu’ils bougeaient ensemble et il n’y eut aucun bruit en dehors de leurs souffles rapides. Il se perdit en elle, conscient que quand il ressortirait, les choses ne seraient peut-être plus les mêmes.
*
* *
Le regard de Perséphone effleurait toutes les parties de son corps et Hadès le sentit le transpercer jusqu’à son ?me. Cela rendrait l’entra?nement plus difficile pour elle, et encore pire pour lui. Il voyait déjà l’incertitude dans son regard. Elle ne savait comment réagir face à sa froideur. Il ne s’était jamais montré indifférent avec elle, mais ils avaient pénétré un espace où enseigner Perséphone impliquait de lui montrer un pouvoir plus dur – la terrible vérité au sujet des dieux.
Perséphone avait peur de blesser les mortels.
Elle ne pouvait pas avoir peur de blesser le Divin.
— Je refuse de te regarder saigner à nouveau, dit-il.
C’était un serment qu’il lui prêtait, et une promesse qu’il se faisait à lui-même.
— Apprends-moi.
Elle pensait savoir ce qu’elle lui demandait, tout comme elle l’avait cru le soir où ils s’étaient rencontrés dans son club.
? Je ne t’ai pas encore appris à jouer, avait-il dit.
— Alors apprends-moi ?, avait-elle répondu.
Ces mots avaient scellé leur sort.
Ils étaient responsables de tous les hauts et de tous les bas qu’il avait connus dans sa vie.
Mais même Hadès n’avait pas cru qu’ils le mèneraient à ce moment, où il se tenait face à sa ma?tresse, sa future femme et reine, avec l’intention de devenir son ennemi.
Il détestait ?a, cela lui semblait mal et donnait une noirceur à sa magie qu’il n’aurait pas utilisée, en temps normal. Mais il fallait que Perséphone en fasse l’expérience.
Quoi qu’elle v?t sur son visage, elle fron?a les sourcils.
— Tu m’aimes, chuchota-t-elle, et Hadès ne sut si elle lui posait la question ou t?chait de se le rappeler.
— Oui, promit-il.
Le poids de sa culpabilité rivalisait avec celui de sa magie.
Elle rendait l’atmosphère pesante et réduisait les Enfers au silence.
Perséphone regarda autour d’elle d’un air inquiet et son angoisse réveilla sa propre magie. Pourtant, ce n’était pas suffisant, et il regretta qu’elle n’ait pas dressé une meilleure barrière contre les spectres qu’il avait invoqués.
Ces derniers se nourrissaient des ombres et étaient affamés d’?mes. Ils chassaient tout ce qui en possédait une – même les déesses. Ils se précipitèrent sur Perséphone, presque imperceptibles jusqu’à ce qu’ils la frappent, lui coupant le souffle. Hadès souffrit de la voir encaisser le coup et de voir son corps bouger de fa?on surnaturelle alors que les spectres la traversaient. Elle tomba à terre, cherchant désespérément à reprendre son souffle.
— Les spectres sont la mort et la magie de l’ombre, dit Hadès. Ils essaient de voler ton ?me.
Perséphone leva les yeux vers lui.
— Est-ce que… tu essaies de me tuer ?
Il rit d’un ton lugubre. Une part de lui n’en revenait pas de faire ?a et qu’elle le lui ait demandé.
— Les spectres ne peuvent s’emparer de ton ?me que si ton fil a été coupé, mais ils peuvent te rendre très malade.
Perséphone se leva lentement.
— Si tu affrontais n’importe quel Olympien, n’importe quel ennemi, il ne t’aurait jamais laissée te relever.
— Comment puis-je me battre sans savoir quel pouvoir tu vas utiliser contre moi ?
— Tu ne le sauras jamais, dit-il.
C’était ainsi qu’ils devraient affronter les demi-dieux. ? l’aveugle.
Le but était d’être prêt à tout.
La main d’un cadavre jaillit du sol à ses pieds. Perséphone hurla quand elle saisit sa cheville, la tirant par terre, la tra?nant dans son ab?me, déterminé à l’enterrer vivante.
— Hadès !
Il détesta sa fa?on de crier et encore plus qu’elle l’appelle à l’aide. Il détesta la voir planter ses ongles dans le sol pour tenter d’échapper à sa magie.
Mais il était également frustré.
Elle comptait sur lui parce qu’il était présent, alors qu’elle devait compter sur elle-même. Elle était intelligente et capable d’agir. Un immense pouvoir faisait rage en elle, capable de retourner sa propre magie contre lui, mais elle continuait de se comporter comme une mortelle prise dans une toile d’araignée.
Elle fit enfin quelque chose.
Elle roula sur le dos et tenta de se dégager, mais la magie d’Hadès était défensive et dès qu’elle toucha la main, des lames en jaillirent. Perséphone hurla et Hadès sentit sa colère augmenter.
Oui, chérie, c’est ?a.
Sa magie surgit et une épine sortit de sa peau. Elle la planta sur la main noire, qui la l?cha. Mais si elle s’était libérée d’un défi, il lui en renvoya un autre, et un nouveau spectre se rua sur elle.
Elle se cambra quand il la traversa et Hadès eut l’impression que ses cris lui dérobaient son ?me, morceau par morceau.
Hadès ravala la bile qui remontait dans sa gorge, il la rejoignit, elle cherchait à reprendre son souffle.
— C’est mieux, dit-il, mais tu m’as tourné le dos.
Il était penché sur elle, mourant d’envie de la prendre dans ses bras, de lui dire qu’il la protégerait de tout ?a. Mais en vérité, il ne le pouvait pas. Il l’avait déjà prouvé, donc elle devait apprendre.
Les mains de Perséphone tremblaient, elle serrait les poings. Il disparut, alors que sa magie surgissait et que des ronces sortaient de terre tout autour d’elle. Elle essayait de se défendre, mais elle avait échoué.
Elle se mit à quatre pattes et le fusilla du regard, les joues striées de larmes.
— Ta main a trahi tes intentions. Invoque ta magie avec ton esprit, sans bouger.
— Je croyais que tu avais dit que tu allais m’apprendre, siffla-t-elle, et Hadès eut l’impression qu’elle lui disait ? je croyais que tu m’aimais ?.
Hadès inspira difficilement.
— C’est ce que je fais. C’est ce qui t’arrivera si tu affrontes un dieu au combat. Tu dois être prête à tout.
Elle avait l’air misérable et il se sentit responsable.
— Debout, Perséphone. Aucun autre dieu n’aurait attendu.
Elle plongea les yeux dans les siens, et son regard était différent, cette fois. Différent, même, de la nuit où elle avait failli détruire son royaume. Ce regard-là avait révélé la douleur d’avoir été trahie. Celui-ci révélait sa rage.
Quand elle se leva, le sol se mit à trembler et la terre explosa. Hadès envoya ses spectres et il regarda, à la fois choqué et impressionné qu’ils se plient à la volonté de Perséphone et remontent le long de son bras pour pénétrer sa peau.
Elle frémit quelques secondes, puis elle ouvrit la main, révélant ses doigts couronnés de lames noires.