La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

* *

Hadès serra plus fort Perséphone dans ses bras quand Hépha?stos alluma le b?cher sur lequel reposait Tyché. Son énergie était sombre, presque chaotique. Il ne savait pas à quoi elle pensait, mais il supposait qu’elle s’en voulait pour la mort de Tyché. C’était injuste, puisqu’elle n’avait aucun contr?le sur les actions de sa mère.

— La mort de Tyché n’est pas ta faute, dit Hadès.

Il lui semblait nécessaire de le dire.

Perséphone ne répondit rien et il sut que c’était parce qu’elle ne le croyait pas. Le feu crépitait dans le silence, et l’odeur de lavande et de chair br?lée remplit l’air.

— Où vont les dieux quand ils meurent ? demanda Perséphone.

— Auprès de moi, sans leurs pouvoirs. Et je leur attribue un r?le aux Enfers.

— Quel genre de r?le ?

— ?a dépend des difficultés qu’ils ont rencontrées de leur vivant. Mais Tyché a toujours voulu être mère. Donc je vais lui offrir le Jardin des Enfants.

— Est-ce qu’on va pouvoir lui parler ? Au sujet de sa mort ?

— Pas tout de suite, répondit-il. Mais dans quelques jours, oui.

Mais Hadès craignait qu’il soit déjà trop tard.





Chapitre XXXI



Dionysos





Dionysos et Ariadne trouvèrent un sentier étroit permettant de descendre au pied de la falaise, mais leur progression était lente car Ariadne avait le vertige, même si elle refusait encore de l’admettre.

— Viens, je vais te porter, dit Dionysos.

— Non. Et si tu tombes ?

— Je ne vais pas tomber. Je suis un dieu, putain, rétorqua-t-il, agacé.

— Comme si ?a avait quoi que ce soit d’impressionnant.

— Je t’ai guérie, non !

— Il n’empêche qu’on est coincés sur une ?le au beau milieu de l’océan parce que tu ne peux pas rivaliser avec le pouvoir de Poséidon.

Dionysos grin?a des dents, regrettant que ces propos le blessent autant. Il savait que sa magie ne faisait pas le poids face à celle du dieu de la Mer, et il avait souvent pensé au cours des deux derniers jours que rien de tout ?a ne serait arrivé s’il avait été plus puissant, s’il avait été meilleur.

Les paroles d’Ariadne semblaient la déranger autant que lui, car ses épaules s’affaissèrent et elle l?cha le mur pour venir vers lui. Il la regarda approcher, sentant son sang s’embraser au fur et à mesure que la distance entre eux se réduisait.

— Pardon, dit-elle.

Il avait envie de répondre quelque chose de sarcastique, de faire rejaillir sa colère, car c’était plus confortable. Au lieu de ?a, il tendit la main et caressa sa joue. Ariadne ne recula pas.

— Tu as l’air d’avoir faim, dit-il.

Elle hocha la tête et appuya sa tête contre son torse. Elle ne se débattit pas quand il la prit dans ses bras, la portant jusqu’à atteindre une ouverture dans la paroi rocheuse, une petite caverne où ils pourraient passer la nuit.

Il l’y laissa pour aller chercher du bois pour faire un feu. Quand il revint, ils s’assirent c?te à c?te sur un rondin qu’il avait tra?né du fond de la grotte, et ils mangèrent des figues. Dionysos ne détestait pas le fruit, mais il lui rappelait le sexe, et étant donné sa proximité avec la femme qu’il désirait si ardemment depuis un mois, le manger était une véritable torture. Sa pulpe était sucrée comme du miel et son jus exquis comme de l’ambroisie.

Du coin de l’?il, il regarda Ariadne qui se su?ait les doigts. Quand elle parla, ses pensées furent écrasées par le poids de son passé.

— Combien de temps as-tu vécu avec la folie ? demanda-t-elle.

Dionysos baissa les yeux sur sa figue à moitié mangée.

— Longtemps, dit-il.

Ce n’était pas une très bonne réponse, mais en vérité, il n’en savait rien.

— Assez longtemps pour arpenter le monde entier… assez longtemps pour commettre des actes horribles.

Héra savait ce qu’elle faisait quand elle lui avait infligé une telle punition. Il était parfaitement conscient des atrocités qu’il commettait, mais il était incapable d’arrêter. Il était passé d’un pays à l’autre, planant, euphorique, dansant et buvant, tra?nant derrière lui des fidèles aussi fous que lui. Tous ceux qui s’opposaient à lui ou remettaient en question sa divinité avaient affronté sa colère. Il avait condamné des hommes à être déchiquetés par leurs filles, les avait punies en leur faisant tuer leurs fils. Il avait rendu des gens fous à en mourir.

— C’était horrible, dit Ariadne.

Ses propos lui nouèrent le ventre et il perdit soudain l’appétit. Il posa le fruit sur le tronc à c?té de lui.

— Je ne voulais pas le faire, dit-il.

Il n’avait pas su quoi faire d’autre. Cela lui était apparu comme la meilleure alternative étant donné la menace que représentait Poséidon.

— Je ne t’en veux pas, dit-elle.

Dionysos n’était pas certain de la croire, et se demanda si cela resterait vrai.

— Je suis désolée que tu aies vécu comme ?a pendant si longtemps, ajouta-t-elle.

Le dieu ne répondit rien, préférant ne pas s’attarder sur cette conversation. Cela lui rappelait des souvenirs qu’il préférait garder enfouis.

Ils restèrent silencieux, le seul bruit provenant du feu qui crépitait devant eux et projetait des ombres sur les parois rocheuses.

— Pourquoi tu es devenue détective ? demanda-t-il.

— Je voulais aider les gens.

— Et maintenant ? demanda-t-il en la regardant, mais elle observait le feu.

— Je suppose que je viens d’apprendre combien c’est difficile.

Dionysos trouva étrange de l’entendre dire ?a, de l’entendre reconna?tre qu’il était difficile d’aider ceux qui ne veulent pas l’être, surtout parce qu’elle se sentait responsable de sa s?ur et qu’elle était déterminée à la sauver de Thésée.

— C’est injuste, finit par dire Dionysos.

— Qu’est-ce qui est injuste ?

— Que Thésée ait pu t’avoir, dit-il en toute sincérité, même s’il n’arrivait pas à la regarder. Il ne te méritait pas. Il ne te mérite toujours pas, mais il continue à occuper trop de place dans ton esprit.

Il ferait n’importe quoi pour le remplacer, pour occuper son esprit chaque minute de la journée.

— Pardon, marmonna-t-il d’un ton hésitant. Tu devrais te reposer. Je monterai la garde pendant que tu dors.

— Je n’ai pas envie de dormir, répondit-elle d’une voix suave qui attira son attention.

Ils se regardèrent, l’atmosphère devenait lourde et électrique entre eux. C’était toujours le cas, mais cette fois c’était différent, d’une certaine manière, encore plus palpable. Dionysos sentait son désir.

Il eut du mal à déglutir.

— Dans ce cas, que veux-tu faire ?

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