La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— On a besoin de prendre de la hauteur pour voir où on est, expliqua-t-il pendant qu’elle buvait.

— Tu veux aller au sommet de cette montagne, juste pour voir où on est ?

— Tu as une meilleure idée ?

— Oui. Et si on restait sur un terrain plat ?

Dionysos la dévisagea.

— Tu as le vertige ?

— Non, rétorqua-t-elle.

— Mais si ! insista-t-il en souriant.

— Pas du tout !

— Si, j’en suis s?r.

— Tais-toi !

Dionysos éclata de rire et elle le poussa en arrière. Il ne s’y attendait pas et il atterrit sur le sol. Ariadne ne devait pas s’y attendre non plus, car elle perdit l’équilibre et s’étala sur lui.

Elle se retrouva au-dessus de lui, la bouche à quelques millimètres de la sienne, les mains à plat sur son torse.

— Arrête de rire, dit-elle, mais c’était déjà le cas.

Dionysos était entièrement concentré sur tous les points de rencontre de leurs corps, notamment sur son érection, qui était nichée entre ses cuisses.

Ils se regardèrent dans les yeux, puis Ariadne fixa sa bouche et dit son nom dans un soupir à la fois serein et fervent.

Il ne sut qui bougea le premier, mais leurs bouches se rencontrèrent et il grogna quand leurs langues s’enroulèrent l’une autour de l’autre. Putain, il avait rêvé de ce baiser, d’elle. Il n’en avait pas eu assez. Il avait Ariadne dans le sang. Elle était une addiction si féroce qu’il ne pouvait s’en passer.

Il roula sur le c?té en l’entra?nant pour s’allonger sur elle et frotter son bassin contre le sien.

— Oui, gémit-elle contre sa bouche.

Dionysos avait l’impression qu’un courant électrique parcourait tout son corps.

Il n’en revenait pas.

Tout à coup, un cri horrible les fit sursauter et rompre le baiser.

Dionysos se leva d’un bond, les yeux vers le ciel, qui était traversé par une chose blanche et ronde. Il crut d’abord que c’était un rocher, mais… le rocher hurlait.

— C’est un… mouton ? demanda Ariadne.

Ils se regardèrent, une explosion retentit et le sol se mit à trembler. Loin au-dessus de la cime des arbres, ils virent le cyclope, qui semblait courir après le mouton.

— On dirait qu’il aime jouer avec sa nourriture, lui aussi, dit Dionysos en regardant Ariadne, qui leva les yeux au ciel. Quoi ?

Elle ne répondit rien, mais dévala la pente en courant.

— Où tu vas ?

— Ben, on n’a plus besoin de monter, n’est-ce pas ?

Il n’était pas du tout d’accord, mais c’était principalement parce qu’il bandait encore et que son seul espoir d’être soulagé s’enfuyait en courant.

Putain de mouton.

*

* *

Ariadne marchait à quelques mètres devant lui.

— Tu ne sais même pas où tu vas ! cria Dionysos.

Il avait l’impression qu’elle fuyait autre chose que le sommet vertigineux de la montagne. Elle fuyait ce qui s’était passé entre eux et la vitesse à laquelle la situation avait dérapé.

Elle le fuyait, lui.

— Je t’emmène à ton cyclope, dit-elle.

Dionysos ricana. Cela faisait près d’une heure qu’il la laissait mener. En arrivant au pied de la montagne, elle était partie en direction du cyclope et du mouton. Le problème était que le cyclope était énorme et que ses foulées se comptaient en centaines de mètres.

— Tu crois que le cyclope sera encore là quand on aura traversé cette forêt ?

— Je crois surtout que ce n’est pas mon problème, c’est toi qui as une dette.

— ?tant donné que c’est à cause de toi que je suis endetté, je dirais que c’est ton problème aussi.

Il ne pensait pas ce qu’il disait et il sut qu’il l’avait blessée car elle ralentit pour la première fois depuis qu’ils étaient redescendus.

— Je… ce n’est pas ce que je voulais dire, dit Dionysos.

Il ne voulait pas qu’Ariadne pense que ce qui lui était arrivé sur le yacht de Poséidon était sa faute. Elle ne devrait pas avoir à craindre que Poséidon l’agresse. Et à présent, parce que le monde respectait son pouvoir depuis si longtemps, Ariadne ne serait jamais en sécurité à cause de lui.

— Je crois qu’on sait tous les deux ce que tu voulais dire, dit-elle.

— Je ne…

Dionysos se tut, frustré.

— Pourquoi je merde tout le temps, bon sang ? r?la-t-il.

Elle ralentit.

— Comment ?a ? demanda-t-elle.

— Regarde où on est, dit-il en balayant l’espace d’un geste de la main. Tout ?a parce que je t’ai promis de retrouver Méduse, alors qu’il s’avère que cela vaut sans doute mieux qu’on ne la trouve jamais. J’aurais d? continuer à aider Hadès à chercher l’Ophiotauros. ?’aurait été un autre moyen de lutter contre Thésée.

Ariadne s’arrêta à la lisière d’une forêt et se tourna vers lui.

— L’Ophio… quoi ?

— L’Ophiotauros, dit-il. C’est une créature mi-taureau, mi-serpent, qui nous fera sans doute tous mourir. Donc tout ce que j’aurai fait sera en vain, de toute manière.

— Quelqu’un l’a trouvé ? demanda-t-elle. L’Ophiotauros ?

— Pas encore, dit-il.

Pour autant qu’il sache, en tout cas.

— Dans ce cas, rien n’est en vain, dit Ariadne.

Ils se regardèrent l’un l’autre pendant un moment et Dionysos se sentit légèrement soulagé par ses propos. Elle lui tourna le dos et entra dans la forêt avant de hurler.

— Ari !

Dionysos courut et fut surpris quand le sol disparut sous ses pieds. Il tomba en avant et roula le long d’un petit ravin, s’arrêtant en percutant un gros rocher. ? quelques pas de lui, Ariadne s’assit en tenant son bras contre sa poitrine.

Quand la douleur dans ses c?tes eut disparu, Dionysos chercha son regard.

— Est-ce que ?a va ?

— Je crois que je… me suis fait mal au bras.

Dionysos p?lit, s’agenouilla et prit sa main pour palper son poignet et son avant-bras. Elle grima?a, mais il ne paraissait pas cassé. Il laissa son pouvoir se dissiper en elle, conscient qu’elle venait de faire la même chute que lui et qu’elle aurait mal.

— Tu sais comment on aurait pu éviter ?a ? demanda-t-il en la regardant.

— Va te faire foutre, Dionysos, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Il éclata de rire et l’aida à se lever, puis il regarda autour d’eux, découvrant qu’ils étaient au bord d’un profond canyon. En contrebas, sur les collines verdoyantes, paissaient plusieurs moutons.

— Eh bien, dit Ariadne. J’ai trouvé tes moutons.





Chapitre XXX



Hadès





Hadès quitta l’?le de Lampri et emmena Perséphone à son arsenal, situé sous son palais. Il était rempli d’armes anciennes et modernes, de boucliers et d’armures. C’était également là qu’il gardait le Casque de Kunée, l’une des trois armes fa?onnées par les cyclopes Brontès et ses deux frères, Stéropès et Argès. Contrairement au foudre de Zeus et au trident de Poséidon, capables de blesser, la magie du casque était plus subtile, mais non moins puissante.

— Est-ce que c’est…

— Mon arsenal, répondit-il.

Il observa Perséphone qui découvrait la pièce, s’arrêtant sur l’armure placée au centre, et elle s’en approcha, effleurant le casque posé sur l’estrade.

— ?a fait combien de temps que tu ne l’as pas porté ?

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