La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Ariadne ? murmura-t-il.

Il reconnut son odeur et la chaleur de son toucher.

— Dionysos, dit-elle à nouveau, et sa peau se couvrit de chair de poule.

Il avait envie de capturer sa bouche et de la go?ter, comme il l’avait fait au quartier du Plaisir.

— Ari, chuchota-t-il.

Elle le serrait plus fort.

— Dionysos ! aboya-t-elle et il ouvrit brusquement les yeux.

Il la découvrit en train de le regarder et il cligna des yeux, comprenant qu’il s’était endormi, la tête appuyée contre son lit.

— Tu es réveillée, dit-il en se redressant et en massant sa nuque ankylosée.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle.

— Je ne sais pas trop, sur une ?le, quelque part en Méditerranée.

Elle fron?a les sourcils et bougea sous les couvertures avant de pousser un cri.

— Attention, dit-il en dégageant la couette pour inspecter sa jambe. Je n’ai pas encore guéri ta plaie.

Il s’agenouilla et posa une main sur sa hanche et l’autre sur son genou pour la tenir en place.

— Pourquoi pas ? siffla-t-elle.

— Je ne peux pas guérir une plaie infectée, Ariadne, rétorqua-t-il.

Il lui fallut quelques secondes pour se détendre et c’est à ce moment-là qu’ils semblèrent tous deux réaliser qu’elle était nue. Il retira brusquement ses mains et rabattit la couette sur elle.

— Je vais te donner le médicament, marmonna-t-il en se levant.

Il remplit une tasse avant de l’aider à la boire.

— C’est de la mélisse, expliqua-t-il en portant la tasse à ses lèvres.

Elle posa ses mains sur les siennes en buvant le thé et grogna en grima?ant.

— Je sais que ce n’est pas très bon, mais ?a apaisera la douleur.

Dès qu’elle eut suffisamment bu, il l’aida à se rallonger et un silence gênant remplit la maison.

— Est-ce que tu… te souviens de ce qui s’est passé ? finit-il par demander.

Il lui fallut du temps pour répondre.

— ? peu près, chuchota-t-elle d’une voix à peine audible.

Un nouveau silence s’installa entre eux.

— Est-ce qu’il t’a fait mal avant que j’arrive ? demanda-t-il.

Il avait besoin de le savoir.

— Pas vraiment, répondit-elle.

Il n’aimait pas que la réponse ne soit pas ? non ?. Il voulait lui demander ce que Poséidon lui avait fait, mais il ne voulait pas insister, non plus. La veille avait été suffisamment traumatisante comme ?a.

— Je suis désolée, murmura-t-elle.

Dionysos tourna la tête vers elle, mais le regard d’Ariadne était rivé sur le plafond et une larme coulait sur sa joue.

Ses excuses portaient le poids de ses regrets et Dionysos frissonna. Il réalisa, maintenant qu’elle les avait formulées, qu’il ne voulait pas entendre ses excuses parce qu’il ne les méritait pas. Elle avait affronté une horreur démesurée par rapport à son geste.

— Pourquoi t’excuses-tu ?

— Je n’aurais pas d? aller voir Poséidon toute seule.

Il resta silencieux un instant.

— J’étais allé le voir la veille. Je ne te l’ai pas dit parce que tu étais en colère contre moi et je…

Il ne termina pas sa phrase. Il n’avait pas voulu la déranger, mais cela n’avait plus d’importance. Ce qui était fait était fait. ? présent, ils devaient aller de l’avant.

— Poséidon ne retient pas Méduse. Je ne sais pas où elle est, mais le pire pour elle, c’est que son pouvoir ne deviendra actif qu’une fois qu’elle sera morte.

Ariadne le regarda dans les yeux.

— Quoi ?

Il n’y avait rien d’autre à dire.

— Dans ce cas, c’est peut-être mieux qu’on ne la trouve pas, dit Ariadne au bout d’un moment.

Dionysos était d’accord, pour une fois.

Ils restèrent silencieux plusieurs minutes et Dionysos finit par penser qu’elle s’était endormie.

— Je me sens coupable de ce qui arrive à ma s?ur, chuchota-t-elle enfin, les yeux rivés sur le plafond.

— Pourquoi ? demanda Dionysos, confus.

— Parce que c’est moi qui les ai présentés. Thésée était… avec moi, d’abord.

Dionysos frissonna, surpris de se sentir aussi jaloux.

— Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? demanda-t-il, mais c’était une question idiote.

Elle n’avait pas à le lui dire.

— Parce que j’ai honte, répondit-elle d’une voix tremblante.

Ses propos lui transpercèrent le c?ur et il se rapprocha d’elle.

— Ari, chuchota-t-il en caressant sa joue, tu n’as aucune raison d’avoir honte.

— Je me fiche qu’il ne m’ait jamais aimée, dit-elle. Mais je déteste qu’il n’aime pas ma s?ur et qu’elle lui soit aussi dévouée. Elle mérite mieux. Elle mérite le meilleur.

Dionysos l’étudia un moment avant de parler.

— Et toi, que mérites-tu ?

Elle ne répondit pas.

— Ari ?

— Rien, dit-elle en tournant la tête vers lui.

Il fron?a les sourcils et s’apprêtait à répondre, mais Ariadne plaqua deux doigts contre sa bouche en secouant la tête. Ses yeux se remplirent de larmes et ses lèvres se mirent à trembler. Il lui fallut quelques secondes pour parler de nouveau.

— Bonne nuit, Dionysos, chuchota-t-elle.





Chapitre XXVIII



Hadès





L’estomac d’Hadès se soulevait et sa gorge se nouait. Poséidon savait où était Perséphone ; il l’avait hanté avec des images de son corps ravagé. ? Tu te bats pour une femme qui ne t’appartient même pas alors que la tienne souffre aux mains de mes fils ?, avait-il dit.

Hadès était parti.

Il n’avait pas réfléchi une seconde au sort qu’il faisait subir à Dionysos et Ariadne, car il ne pouvait se débarrasser de sa peur, et après ce qui était arrivé à Adonis et Harmonie, il devait s’assurer que Perséphone allait bien.

Quand il apparut dans le sous-sol du Club Aphrodisia, il découvrit un véritable bain de sang. Hépha?stos était là, tenant Aphrodite par les épaules. La déesse de l’Amour tenait un c?ur humain dans ses mains et il y avait des corps éparpillés partout, les membres déformés, les poitrines béantes. Et puis, il y avait Perséphone, à genoux au milieu du carnage, au milieu des cadavres.

Aucun n’avait eu la chance d’échapper à sa magie, même pas Perséphone.

Son corps était déchiqueté. C’était la seule fa?on de le décrire. C’était la même chose qu’il avait vue le soir où elle l’avait pris pour Pirithoos. Elle était légèrement penchée en avant et sa respiration était rauque.

La panique d’Hadès lui nouait la gorge et son c?ur battait bizarrement.

Quand elle leva les yeux vers lui, elle ouvrit la bouche et du sang en coula. Elle paraissait surprise et légèrement confuse. Elle vacilla et Hadès la rattrapa, la prenant dans ses bras avant de l’emmener loin de là.

*

* *

Les mains d’Hadès tremblaient.

Scarlett St. Clair's books