La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— J’entre, dit-il en enfon?ant la porte.

Il déboula dans la chambre, qu’il trouva vide.

Il resta planté sur place un moment, balayant la pièce des yeux. Il marcha jusqu’au lit et dégagea les draps, mais elle n’y était pas. Il chercha dans la salle de bains et le placard, mais il les trouva vides.

Elle était partie.

— Merde !

*

* *

Dionysos faisait les cent pas dans le bureau d’Hadès à Nevernight.

Il était fou de rage et tout son corps tremblait. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été hystérique à ce point. Il savait où Ariadne était partie : confronter Poséidon au sujet de Méduse. Elle avait menacé d’y aller elle-même, elle lui avait dit qu’il n’allait pas assez vite.

Putain !

— Vous étiez censées la surveiller ! avait-il crié aux Ménades qu’il avait postées devant son appartement.

Elles l’avaient fusillé du regard, aussi énervées que lui.

— C’est ce qu’on a fait, avait rétorqué Macaria.

— Alors comment est-elle partie ?

— Peut-être qu’elle est plus douée qu’on ne le pensait, dit Chora.

Il aurait d? aller la voir plus t?t, mais il avait voulu lui laisser son espace et son intimité.

Au diable l’espace ! Au diable l’intimité !

Il fit volte-face quand Hadès apparut, ne lui laissant pas le temps de l’interroger.

— Ariadne est partie confronter Poséidon, dit-il. Elle croit qu’il détient Méduse.

— C’est le cas ? demanda Hadès.

— ?a change quelque chose ? rétorqua Dionysos.

Hadès plissa les yeux d’un air agacé.

— Non, Méduse n’est pas avec lui, répondit Dionysos. J’irais bien la chercher, mais je ne peux pas me téléporter dans son royaume sans y être invité. J’ai besoin de ton aide.

Hadès était l’un des trois qui détenaient le contr?le sur tous les royaumes.

— Tu es s?r qu’elle est allée le voir ?

— Oui, siffla Dionysos. Hadès, il va lui faire du mal.

Quoi que le dieu des Morts ait vu dans ses yeux, il le crut.

— Putain de Moires, dit-il en invoquant sa magie.

Ils se téléportèrent au golfe de Poséidon, où Dionysos avait attendu le dieu de la Mer. Le ciel était orageux, avec d’épais nuages bas et un vent violent qui agitait les vagues et les faisait s’écraser sur la jetée. Dionysos protégea ses yeux de la pluie battante.

Le yacht de Poséidon était à quelques dizaines de mètres du rivage, agité par la houle.

— Tu as un plan ? cria Hadès pour se faire entendre.

— Non ! répondit Dionysos.

Comme s’il avait eu le temps d’y réfléchir !

La bouche d’Hadès se pin?a et il soupira avant de se téléporter à nouveau.

Cette fois, ils apparurent sur le yacht, nez à nez avec Poséidon, qui se tenait debout et se servait d’Ariadne comme d’un bouclier.

Ses poignets étaient attachés. Une des mains de Poséidon lui tenait le cou, l’autre était plaquée sur son ventre. Elle avait l’air furieuse et effrayée et Dionysos angoissa à l’idée de ce que le dieu lui avait fait jusque-là.

— C’est un coup bas, Poséidon, même pour toi, dit Hadès.

— Tu nierais mon droit à la justice divine, frangin ?

Le visage de Poséidon était pressé contre celui d’Ariadne, qui essaya de reculer la tête.

— La justice divine ? demanda Poséidon. Au nom de quoi ?

— La mortelle m’a accusé d’avoir kidnappé une femme.

— C’était une question, cracha Ariadne. Et c’est loin d’être impossible, étant donné tes antécédents.

Poséidon serra plus fort son cou, tirant sa tête en arrière.

— Elle a de la gueule, celle-ci, dit-il. Tu ne lui as pas appris à tenir sa langue ?

— Tout le monde ne violente pas les femmes comme toi, Poséidon, dit Hadès.

— Voilà qu’on m’accuse d’un autre crime, répondit le dieu de la Mer.

— Ce n’est pas une accusation si c’est vrai, grogna Ariadne.

Poséidon la saisit par les joues et tourna sa tête vers lui. Dionysos se précipita vers elle, mais Hadès l’arrêta. Ils se défièrent du regard, mais celui d’Hadès était une mise en garde. S’ils s’en prenaient à Poséidon dans son propre royaume, Ariadne serait coincée entre deux feux.

— Je vais t’apprendre à te taire, siffla Poséidon.

— Si tu souhaites jouer au justicier, je le ferai aussi, si tu la touches, dit Dionysos.

Poséidon l?cha le visage d’Ariadne et se concentra sur Dionysos en ricanant.

— Tu tiens tellement à être chevaleresque. Tout ?a pour une chatte à laquelle tu n’as même pas go?té.

Le yacht tangua et Dionysos peina à rester debout, Poséidon ne semblait même pas le remarquer.

— T’inquiète. Je te dirai si elle est sucrée.

Le regard d’Ariadne était rivé dans celui de Dionysos. Il tremblait, désespéré de l’aider.

— N’aie pas l’air si triste, dit Poséidon à Ariadne. Je laisserai Dionysos se joindre à nous si ?a peut t’aider.

Les mains du dieu descendirent sur ses hanches.

— Ne la touche pas ! aboya Dionysos.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Les plans à trois ne te branchent plus ? ricana Poséidon. Tu as vraiment changé. Et pas en mieux, si tu veux mon avis.

La magie d’Hadès se manifesta sous la forme de rubans de fumée dont l’un s’enroula autour du cou de Poséidon pour le tirer en arrière. Ce geste soudain l’obligea à l?cher Ariadne, qui courut se réfugier dans les bras de Dionysos.

— Non ! grogna Poséidon, et soudain le yacht tangua de nouveau.

Ariadne tomba à genoux et roula plusieurs fois avant de percuter le mur. Dionysos partait vers elle quand les vitres se brisèrent, les recouvrant de verre alors que les vagues s’engouffraient par-dessus bord.

— Tout ?a à cause d’une mortelle qui t’a insulté ? demanda Hadès d’une voix tonitruante.

— Je pourrais te dire la même chose, répondit Poséidon.

Dionysos devina qu’Hadès lui avait asséné un autre coup, car la tempête perdit en intensité. Il resta concentré sur Ariadne, qui rampait vers lui à quatre pattes.

Quand ils furent réunis, ils se mirent à genoux et il prit son visage dans ses mains.

— Tu vas bien ?

Elle hocha la tête et Dionysos l’aida à se lever, même s’il était presque impossible de rester debout, tant le yacht tanguait.

Ils tombèrent à nouveau et quand Dionysos atterrit sur le sol, il vit qu’Hadès surplombait Poséidon, une main sur sa tête. Poséidon tremblait, montrant les crocs, les veines de son cou étaient gonflées. Il parvint alors à invoquer son trident, rompant l’emprise d’Hadès.

Poséidon se leva et voulut frapper son frère, qui se téléporta pour réappara?tre à quelques pas, mais Poséidon le suivit. Ils foncèrent l’un sur l’autre et Dionysos tendait la main vers Ariadne quand ses yeux se révulsèrent, et elle devint amorphe dans ses bras. Elle se mit à convulser, de l’eau coulait de sa bouche.

— Non ! grogna-t-il. Hadès !

Mais quand il regarda les deux frères, Hadès avait cessé de se battre. Il paraissait figé, comme si Poséidon l’avait frappé.

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