La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

Il y avait un autre problème ; plus il passait de temps à revivre ce qui s’était passé ce soir, plus il se sentait violent.

Il n’aimait pas se sentir ainsi, surtout quand il tenait Perséphone contre lui. Il se leva et la porta dans le lit, l’allongeant sur le c?té avant de la couvrir avec les draps. Puis il invoqua Hécate en chuchotant.

Elle apparut, p?le dans la nuit.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle d’un ton inquiet.

— J’ai besoin que tu restes avec Perséphone, dit-il. Juste un petit moment.

Il lui raconta son cauchemar et sa magie, la fa?on dont sa peur avait failli la faire exploser. Tandis qu’il parlait, sa gorge se remplit de bile.

— J’ai juste… besoin que quelqu’un soit là au cas où elle l’affronte à nouveau.

— Bien s?r, dit Hécate. Mais où vas-tu ?

Il étudia le visage de la déesse.

— Ai-je vraiment besoin de le dire ?

— Je suppose que non.

Hadès disparut et arriva à la lisière de la Forêt du Désespoir. Pirithoos se matérialisa face à lui, faible et hébété. Dès que ses pieds touchèrent le sol, il s’effondra.

— Debout ! ordonna Hadès.

Le demi-dieu leva la tête et croisa le regard d’Hadès. Un cri guttural jaillit aussit?t de sa bouche.

— Non, s’il vous pla?t, supplia-t-il. S’il vous pla?t, Milord.

— Debout ! répéta Hadès d’une voix grave qui vibra dans l’air.

Sa mise en garde poussa Pirithoos à se lever sur ses jambes tremblantes, même s’il continuait à l’implorer en sanglotant.

— S’il vous pla?t, dit-il, d’une voix qui faiblissait au fur et à mesure qu’il le répétait, jusqu’à ce que ce ne soit plus qu’un murmure. S’il vous pla?t, s’il vous pla?t, s’il vous pla?t.

— Est-ce que Perséphone t’a supplié d’arrêter, elle aussi ? demanda Hadès.

— Elle m’aurait pardonné, elle ! insista Pirithoos en serrant les dents, et ses propos poignardèrent Hadès en plein c?ur.

Il avait de nombreuses choses à dire, mais il n’en choisit qu’une tout en quittant son Charme. Sa magie lui échappa sous la forme de spectres qui n’avaient qu’un seul but : la chasse.

— Cours, ordonna-t-il.

— S’il vous pla?t, non, dit Pirithoos en reculant.

Il tomba par terre et se leva aussi vite que possible.

Hadès grin?a des dents.

Ce mot.

Il serra les poings alors que des mains dotées de griffes acérées jaillissaient du sol. Elles saisirent les chevilles de Pirithoos, qui tomba dans d’autres mains pourrissantes. Il se débattit et parvint à se libérer, même si elles avaient arraché des parties de sa chair.

Il s’enfon?a dans la forêt en courant et Hadès le suivit d’un pas déterminé.

Il tenait à être témoin de ?a ; des pires peurs de Pirithoos, de son cauchemar éveillé.

— Est-ce qu’elle a prononcé ce mot ? demanda Hadès d’une voix tonitruante.

Si Pirithoos se débattait au loin, il savait que sa voix résonnait dans la forêt.

Le demi-dieu hésita en arrivant au bord d’un lac qui s’étendait dans toutes les directions. C’était un réservoir, alimenté par les fleuves Phlégéton et Cocyte, mais Pirithoos ne le savait pas – et quand il mit un pied dans l’eau, il découvrit qu’elle était épaisse et br?lante. Il hurla, incapable de s’en extirper.

Soudain, Pirithoos fut projeté depuis la rive jusqu’au milieu du lac, où l’eau tourbillonnait de fa?on violente, br?lant chaque millimètre de son corps. Il poussa un long cri continu jusqu’à ce qu’il disparaisse sous la surface de l’eau.

Hadès l’y laissa souffrir un moment, puis il écarta les eaux semblables à du goudron pour créer un passage jusqu’à l’autre rive. Au centre, Pirithoos était allongé, ébouillanté, respirant à peine.

D’un geste de la main, Hadès extirpa l’eau noire de ses poumons. Le demi-dieu inspira brusquement et roula sur le dos avec une respiration sifflante.

— L’as-tu libérée quand elle t’a supplié ? demanda Hadès en marchant vers lui.

Pirithoos essaya de se lever, mais parvint seulement à se mettre à quatre pattes, rampant jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, puis il s’effondra.

Malgré sa peau br?lée, le blanc de ses yeux était encore visible et il geignait d’une voix rauque qui semblait sortir de sa poitrine.

Au moins, il ne pouvait plus le supplier.

— ?a en valait la peine ? demanda Hadès.

Quand le demi-dieu ferma les yeux, sa rage déferla dans ses veines et il la laissa le submerger.

Il roua Pirithoos de coups jusqu’à ce que ses os ne soient plus qu’une bouillie sous ses poings, jusqu’à ce que son corps soit mou et que chaque impact lui donne l’impression de frapper de l’eau. Il arrêta seulement parce qu’Hécate lui prit la main.

— ?a suffit, Hadès, dit-elle.

Leurs bras tremblèrent alors qu’ils résistaient l’un contre l’autre, mais quand Hadès la regarda dans les yeux, il céda et fit un pas en arrière. Hécate ne bougea pas, comme si elle craignait qu’il recommence. Mais Hadès était lessivé, vidé de sa rage.

Il sentait le regard d’Hécate sur lui pendant qu’il regardait les restes de Pirithoos, une ?me brisée.

— Il ne reviendra jamais, Hadès, dit-elle, et il savait que c’était vrai. Et on a besoin de toi ailleurs.

Il la regarda enfin.

— Perséphone ?

Elle secoua la tête.

— Ilias et Zofie sont venus. Ils ont trouvé la femme qui a agressé Perséphone.

*

* *

Hadès retourna auprès de Perséphone, qui se réveilla à son arrivée. Elle se figea en le voyant.

Tout le corps d’Hadès vibrait encore de la violence qu’il avait déversée sur Pirithoos et il détestait savoir qu’elle la sentait.

— Tu es allé au Tartare, dit-elle.

Il ne répondit rien et elle se leva pour prendre son visage dans ses mains.

— Tu vas bien ? demanda-t-elle.

Il soutint son regard comme si c’était un flambeau éclairant son ?me.

— Non, admit-il, et ils se tinrent l’un contre l’autre, ne voulant plus se l?cher.

— Ilias et Zofie ont trouvé la femme qui t’a agressée, dit-il dès qu’il se sentit un peu plus lui-même.

— Zofie ? s’étonna Perséphone.

— Elle a aidé Ilias.

— Où est-elle ? demanda la déesse.

— Elle est retenue à L’Iniquité, répondit-il.

— Est-ce que tu peux m’emmener la voir ?

— Je préférerais que tu dormes, dit-il.

— Je n’ai pas envie de dormir.

— Même si je reste ?

— Il y a des gens dans la nature qui attaquent les déesses, dit Perséphone. Je veux entendre ce que cette femme a à dire.

Hadès fron?a les sourcils et plongea une main dans ses cheveux dorés, craignant que ce soit trop pour elle, et trop t?t après son cauchemar.

— Je vais bien, Hadès, jura-t-elle. Tu seras avec moi.

Il espérait seulement pouvoir répondre à ses besoins. Il comprenait, désormais, que ?a n’avait pas été le cas jusqu’à présent.

Il finit par céder.

— Alors nous ferons ce que tu veux.

*

* *

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