La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate



Dionysos fut surpris de trouver Ariadne réveillée, le lendemain matin, installée dans le salon. Il s’attendait à ce qu’elle l’évite, mais peut-être les choses n’avaient changé entre eux que dans sa tête.

Il ne pouvait plus la regarder de la même manière. Avant, elle ne faisait que l’agacer passablement et si c’était en partie d? à son attirance pour elle, ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait maintenant. Elle était comme un feu sous sa peau, et il pensait sans cesse aux sensations qu’il avait eues en l’embrassant.

Le fait qu’elle soit à ce point à l’aise chez lui ne l’aidait pas. Elle paraissait avoir sa place dans son appartement, au centre de sa vie. Elle était sur le canapé, un livre sur les cuisses, vêtue de son tee-shirt, ses longues jambes nues croisées.

Elle avait même préparé du café.

Elle leva la tête quand il entra dans la pièce.

— Tu as bien dormi ? demanda-t-il.

— Oui, bien, et toi ?

— Super.

Il ne savait pas pourquoi il se montrait si passif agressif. Peut-être était-ce parce qu’il mentait ? Un silence suivit et pendant quelques secondes, il ne put se retenir de la dévisager.

— Où vas-tu ? demanda-t-elle.

Dionysos hésita. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle le lui demande.

— J’ai un rendez-vous. Tu peux rester ici si tu préfères, ou je peux te ramener à Bakkheia.

Il n’aurait pas d? lui laisser la possibilité de rester, mais égo?stement, il aimait l’idée de la retrouver en rentrant chez lui. C’était ridicule, étant donné qu’il passait rarement du temps dans son appartement, mais il n’avait jamais eu de raison de le faire auparavant.

Ariadne parut tout aussi surprise par sa proposition.

— Je… je crois que j’aimerais rester ici.

Dionysos déglutit, agacé de se sentir à ce point soulagé par son choix.

— Les Ménades garderont la maison, dit-il.

Le regard d’Ariadne durcit.

— C’est une mise en garde ?

— Seulement si tu prévois de t’enfuir.

Sa bouche se pin?a.

— As-tu repensé à ta stratégie pour sauver Méduse de Poséidon ?

En vérité, il y avait pensé, et son rendez-vous était justement avec le dieu lui-même, mais il ne voulait pas le dire à Ariadne, car il ne souhaitait pas qu’elle l’accompagne. Moins il présenterait de femmes au dieu de la Mer, mieux ce serait.

— J’y travaille, dit-il d’un ton plus vif que voulu.

— Tu ne vas pas assez vite, dit-elle.

— Pourrais-tu me faire confiance, pour une fois ? rétorqua Dionysos.

Il aurait d? se taire, mais il ne pouvait s’en empêcher.

— Tu as la f?cheuse habitude de t’incruster dans des situations qui ne te concernent pas, parce que tu penses en avoir l’autorité. Mais tu n’en as aucune, ici. Plus t?t tu en prendras conscience, mieux ce sera.

Ariadne referma brusquement son livre.

— Et tu te demandes pourquoi je ne te fais pas confiance.

— Je ne me le demande pas, je le sais, répondit-il.

— Tu ne me respectes pas, ajouta-t-elle en secouant la tête. Rien de ce que je peux offrir n’a de valeur à tes yeux.

C’était faux, mais il n’osa pas le dire à voix haute.

— Je pourrais dire la même chose à ton sujet, dit le dieu de la Vigne.

Elle posa le livre et se leva. Le bas de son tee-shirt atteignait à peine le haut de ses cuisses. Quelle que soit la colère qu’il avait envers elle, elle nourrissait également son désir, et il serra les poings.

— Dans ce cas, emmène-moi à Bakkheia, dit-elle.

— Qu’est-ce que ?a change de rester ici ? demanda Dionysos. Ce n’est pas comme si tu pouvais m’échapper.

— C’est toi qui m’as laissé le choix, rétorqua-t-elle. Alors laisse-moi choisir.

— Tu l’as déjà fait, dit-il, distrait par la fa?on dont le tissu fin du tee-shirt moulait ses seins et ses tétons pointus.

Ariadne remarqua qu’il les regardait, elle croisa les bras pour se couvrir. Dionysos détourna les yeux et se racla la gorge. Il fallait qu’il parte.

— Je vais dire aux Ménades de t’apporter des vêtements, dit-il, disparaissant avant de se ridiculiser davantage.

*

* *

Dionysos se tenait à c?té de Silène, au bord d’une jetée qui s’avan?ait loin dans les eaux du golfe de Poséidon. Derrière eux, la Nouvelle Grèce était enveloppée dans un brouillard épais, mais la tempête de neige ne semblait pas avoir touché cette partie du royaume de Poséidon.

Cela faisait une heure qu’ils attendaient, sans le moindre signe du dieu de la Mer. ?tant donné leur passif, Dionysos n’aurait pas été surpris qu’il ne vienne pas du tout.

— Ce n’est pas comme si quelqu’un se rappelait cette guerre, dit Silène.

— Je m’en souviens, moi, dit Dionysos.

Silène parlait d’une bataille que Dionysos avait menée contre Poséidon il y avait longtemps, pour une nymphe prénommée Béroé et dont ils étaient tous les deux tombés amoureux. Chacun avait fait appel à Aphrodite pour sauver son amour, mais la déesse n’avait pas été influencée par leurs offrandes et leur avait ordonné de se battre, ce qu’ils avaient fait. Dionysos avait vite perdu. Cela avait été l’un des moments les plus gênants et les plus honteux de son existence, et c’était une des raisons pour lesquelles il ne voulait pas qu’Ariadne soit mêlée à quoi que ce soit qui impliquait le dieu de la Mer.

Il n’avait aucune confiance en Poséidon et il était persuadé que s’il la voyait, il chercherait à la séduire. Or Dionysos craignait ce qu’il ferait si cela arrivait. Peu importait qu’il ne soit pas amoureux d’elle, elle comptait pour lui, même s’il ne savait pas précisément dans quelle mesure.

— Comment va la fille ? demanda Silène.

Dionysos grin?a des dents.

— C’est une femme, Silène. Et elle va très bien.

Il sentit le regard de son père adoptif sur lui.

— Alors tu ne l’as pas encore baisée ?

— Bon sang, papa, gronda Dionysos. Tais-toi.

— Est-ce qu’un père ne peut pas s’inquiéter du bien-être de son fils ?

— Non ! aboya Dionysos.

S’il n’avait pas fait v?u de chasteté, il était vrai qu’il n’avait ressenti de désir pour aucune femme depuis qu’il avait rencontré Ariadne.

— Bon, très bien, dit Silène. Je dis juste que, à mon avis, ?a améliorerait ton humeur.

L’estomac de Dionysos se noua. N’avait-il pas dit une chose similaire à Ariadne, la veille, au quartier du Plaisir ? Dieux, il détestait savoir qu’il parlait comme son père adoptif.

— Un mot de plus, et je te pousse dans l’océan, mena?a Dionysos.

Heureusement, le satyre l’écouta, et le bruit des vagues combla le silence qui s’installa. Cependant, Dionysos n’était pas certain de préférer cela, car sans distraction, il n’avait de pensée que pour Ariadne. Il était vraiment désespéré.

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