La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— On peut échanger nos tenues, suggéra Hermès. ?a, ?a la surprendrait vraiment.

Hadès le fusilla du regard.

— D’accord… soupira Hermès. Ne bouge pas !

Il prit son menton dans sa main et tourna autour d’Hadès en le reluquant de la tête aux pieds.

— Qu’est-ce que tu regardes ? demanda Hadès en s’impatientant.

— Chhhut, ordonna Hermès en agitant la main. Tu interromps mon génie.

Hadès leva les yeux au ciel.

— Eh, je t’ai vu faire, aboya Hermès. Tu veux mon aide ou pas ?

Hadès croisa les bras.

— Baisse les bras !

Hadès expira sa frustration et baissa les bras en serrant les poings.

— Desserre les poings !

— Si t’oses me dire encore une fois quoi faire, je…

— Déshabille-toi ! déclara Hermès.

— Quoi ?

— Tu m’as demandé de t’habiller pour tes fian?ailles, dit-il. Alors déshabille-toi.

— Je ne t’ai pas demandé de m’habiller, dit Hadès. Je t’ai demandé de m’aider à choisir quoi porter.

— Et la tenue requiert que je t’habille.

— Alors choisis une autre tenue.

— Non.

Ils se dévisagèrent un long moment, puis Hadès soupira de nouveau. Cela lui arrivait souvent quand il était en présence d’Hermès. Il se redressa et se débarrassa de sa veste.

— Ah, on fait ?a de fa?on mortelle ? dit Hermès en souriant.

Hadès s’arrêta net de déboutonner sa chemise. Il avait pensé qu’utiliser sa magie lui donnerait l’air trop pressé, mais dans cette situation devant Hermès, il avait l’impression qu’il faisait un strip-tease.

— Eh merde, gronda Hadès avant de claquer des doigts, se retrouvant en sous-vêtements.

— Hmmm, dit Hermès au moment où un grand tissu apparaissait dans ses mains. Un slip ? Qui l’e?t cru ?

Hadès se crispa pendant qu’Hermès drapait le tissu sur son épaule gauche avant de l’envelopper à la manière d’un himation traditionnel, laissant une partie de son torse nu.

— J’aurais pu faire ?a moi-même, remarqua Hadès alors qu’Hermès lissait l’avant et l’arrière du vêtement.

— Sans doute, mais est-ce que ?’aurait été aussi beau ? demanda le dieu de la Ruse avant de le pousser vers le miroir.

Quand Hadès vit son reflet, il dut admettre que le dieu avait raison. Le tissu avait la couleur du ciel étoilé et les bords étaient cousus de fil argenté, comme s’ils avaient été trempés dans la lumière des étoiles.

— Alors ? demanda Hermès.

— Je… suppose que tu as raison, admit Hadès en croisant les bras.

Hermès sourit jusqu’aux oreilles.

— Maintenant, occupons-nous de tes cheveux.

*

* *

Hermès passa bien une heure à brosser les cheveux d’Hadès, puis il les attacha en demi-queue pour dégager son visage.

— Quitte ton Charme, dit-il.

Hadès haussa un sourcil et croisa le regard d’Hermès dans la glace. Ce n’était pas que sa véritable forme le gênait, c’était plut?t l’ordre d’Hermès qui le dérangeait.

— C’est plus canon, ajouta le dieu de la Ruse.

Hadès leva les yeux au ciel, mais se débarrassa néanmoins de sa magie.

En général, il ne remarquait pas qu’il véhiculait une illusion toute la journée, mais il arrivait qu’il se sente soulagé d’enlever le poids de sa magie.

Et ce soir était l’une de ces occasions.

Assis devant le miroir de la salle de bains dans sa forme naturelle, ses grandes cornes montant en spirale sur sa tête et ses yeux étrangement bleus scintillant dans le reflet, il faillit ne pas se reconna?tre. Ou plut?t, il lui semblait que cette apparence appartenait à un dieu qui n’existait plus. C’était celle qu’on lui avait donnée à la naissance et qu’il avait utilisée lors de la guerre contre les Titans, celle qui lui avait servi quand il avait accueilli des milliers d’?mes sans couleur aux Enfers, ou encore quand lui et les autres Olympiens étaient venus sur terre durant la Grande Guerre.

C’était ce visage que les gens redoutaient. Il se demandait s’il y aurait des ?mes qui le verraient ce soir et se souviendraient de leur peur.

Il serra les poings sur la commode.

— Il te faut une couronne, dit Hermès.

Hadès se concentra sur le dieu, qui l’étudiait toujours à quelques pas, telle une ?uvre dans un musée. Il ne le contredit pas et invoqua sa magie. Des volutes de fumée noire s’échappèrent de son corps et glissèrent dans l’air avant de s’enrouler sur sa tête pour créer une couronne de pointes en fer. Hadès se leva avant qu’elles n’aient fini de se former et se tourna vers Hermès.

— Merci, dit-il. Puis en le reluquant des pieds à la tête, il ajouta : Amuse-toi… quoi que tu fasses ce soir.

— C’est bon, Hadès, tu peux le dire. Je suis beau à croquer.

— Mais bien s?r, Hermès, répondit Hadès en souriant.

Sur ce, il se téléporta à Asphodèle, se matérialisant en bordure du village.

— Lord Hadès !

Il sourit jusqu’aux oreilles lorsque plusieurs enfants coururent vers lui, percutant ses jambes à toute vitesse. Il fit mine de tituber et ils gloussèrent de voir leur force.

— Joue avec nous ! dit l’un d’entre eux, Dion, en le tirant par la main.

— S’il te pla?t, dis oui ! chantonnèrent deux autres enfants.

Hadès gloussa et se baissa pour prendre Lily, une fillette, dans ses bras.

— ? quoi on joue ? demanda-t-il.

Les enfants crièrent tous en même temps.

— ? cache-cache !

— ? colin-maillard !

— ? ostrakinda !

Leurs réponses s’encha?nèrent, certains proposaient des jeux datant de l’Antiquité, d’autres choisissaient des jeux plus modernes. Cela lui rappela combien de temps certaines ?mes avaient passé aux Enfers. Un jour, elles remonteraient au royaume des vivants pour na?tre auprès de nouveaux parents, dans un nouveau corps. Elles oublieraient alors tout ce qu’elles avaient appris ici.

Hadès trouva étrange que l’idée de la vie lui apporte plus de tristesse que celle de la mort.

— Eh bien, je suppose qu’il s’agit simplement de savoir à quoi l’on jouera en premier.

Les enfants se remirent à crier, déduisant qu’ils devaient indiquer à Hadès par quel jeu ils voulaient commencer, mais Hadès ne les écoutait plus car il avait levé les yeux et croisé le regard époustouflant de Perséphone.

Sa forme divine provoquait l’émerveillement, car elle luisait. Elle était comme une étoile dans le ciel, faisant dispara?tre les ténèbres, mettant le feu à toute l’horreur qu’il avait connue un jour.

C’est ?a, sa forme véritable, pensa-t-il. Elle était sauvage, libre et sublime. Ses cheveux étaient détachés et ses boucles épaisses tombaient sur ses épaules et dans son dos, couronnés de fleurs blanches desquelles semblaient jaillir ses cornes. Sa robe était rose et légère, donnant l’illusion qu’elle ne touchait même pas le sol.

Hadès déglutit difficilement et grin?a des dents, espérant réprimer les flammes qui crépitaient dans son ventre. Certains enfants semblèrent remarquer qu’il était distrait et se tournèrent vers Perséphone avant de se précipiter vers elle.

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