La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Lady Perséphone, joue avec nous, s’il te pla?t !

Ils se jetèrent dans ses bras et saisirent ses mains, elle souriait jusqu’aux oreilles. Hadès n’avait jamais vraiment envisagé le fait que la beauté serait l’arme qui interromprait les battements de son c?ur, or, il peinait désormais à respirer. Avec Perséphone, il lui était facile d’oublier le poids qu’il endossait : l’Ophiotauros, les agressions d’Adonis et d’Harmonie, les reliques et les armes, l’angoisse causée par la tempête de Déméter.

— Bien s?r, répondit-elle en levant à nouveau les yeux vers lui avant de regarder par-dessus son épaule. Hécate ? Yuri ?

— Non, s’empressa de répondre Hécate. Mais je peux vous regarder en buvant un verre de vin.

Les enfants les emmenaient déjà vers le pré et Hadès se retrouva aux c?tés de Perséphone, qui tourna la tête vers lui pour le regarder dans les yeux.

— Salut, dit-elle.

— Salut, répondit-il en souriant.

Il voulait l’attirer dans ses bras pour l’embrasser, mais il se retint, se concentrant plut?t sur la horde d’enfants rassemblés autour d’eux.

— On a de nombreux jeux à faire, dit-il. Par lequel allons-nous commencer ?

Il dressa la liste des jeux et laissa les enfants décider. Cela débuta par cache-cache, ce qui l’excita car il pensa qu’il pourrait peut-être se retrouver seul avec Perséphone, mais cela s’avéra impossible, car chaque fois qu’il la trouvait, elle était accompagnée d’un enfant qui s’accrochait à sa jupe.

Il eut à nouveau de l’espoir quand ils jouèrent à colin-maillard. Il aurait adoré la tripoter les yeux bandés, mais elle mit fin à ses rêves avant même que le jeu n’ait commencé.

— Lord Hadès n’a pas le droit d’être le chasseur, dit-elle.

Il pencha la tête sur le c?té.

— Et pourquoi donc, Lady Perséphone ?

— Parce que tu triches, répondit-elle en haussant un sourcil.

— Quelle accusation éhontée ! répondit-il.

— Vas-tu le nier, Lord Hadès ? Que tu as triché pendant le cache-cache, disparaissant d’un lieu quand tu étais sur le point d’être découvert ?

— ?a s’appelle utiliser ses ressources, répondit-il, mais sa réponse ne parut pas amuser Perséphone.

Le dernier jeu était l’ostrakinda, qui datait de la Grèce antique et qui était plus ou moins le jeu de chat le plus chaotique qui soit, mais Hadès avait h?te d’y jouer. Ils formèrent deux équipes, jour et nuit, respectivement menées par Perséphone et lui-même. Chacune était représentée par un coquillage, peint d’un c?té en blanc, de l’autre en noir.

Les équipes se tenaient en rang, l’une face à l’autre, et Hadès ne quitta pas Perséphone des yeux pendant qu’un des enfants jetait le coquillage en l’air. Il atterrit avec la face blanche sur le dessus, signifiant que la nuit devait poursuivre le jour.

Les enfants se mirent à hurler en s’éparpillant, mais Perséphone n’avait toujours pas bougé, les yeux plongés dans ceux d’Hadès. Il se demanda à quoi elle pensait, car il se demandait lui-même ce qu’il ferait quand il l’attraperait. Il aimerait la tacler et les téléporter au lit avant même qu’elle n’ait touché le sol, mais il avait le sentiment qu’Hécate viendrait les ramener à Asphodèle par la peau des fesses.

Il devrait se contenter d’un baiser, même si cela rendrait la soirée bien plus pénible.

Il sourit, et quelque chose dans son regard dut intimer à Perséphone de courir, car elle tourna aussit?t les talons. Il tendit la main et avait à peine effleuré son bras qu’elle lui échappa et courut à travers champs. Il n’avait pas eu tort de penser qu’elle survolait le sol car c’est ce qu’elle fit, bondissant devant lui comme une gazelle gracieuse, laissant une nuée de fleurs sur son passage à chaque endroit où elle posait le pied.

Il n’était même pas s?r qu’elle s’en rende compte, car elle ne se retourna jamais pour le regarder. Hadès, lui, ne la quittait pas des yeux. C’est ainsi qu’il fut témoin du brusque changement qui advint. Les fleurs qui s’étaient épanouies dans sa foulée disparurent quand elle ralentit puis s’arrêta brusquement.

Hadès la rejoignit et posa une main sur sa taille. Elle ne tourna pas la tête vers lui, les yeux fixés sur un point de l’horizon.

— Tu vas bien ?

Elle prit une inspiration tremblotante.

— Je viens de me rappeler que Lexa n’est pas là, dit-elle en regardant Hadès avec des yeux larmoyants.

Cela lui brisait le c?ur de la voir ainsi, si… triste, après un moment de bonheur pur.

— Comment j’ai pu oublier ?

— Oh, chérie…

Il la prit dans ses bras et l’embrassa sur le front. Il la tint contre lui un moment, ne sachant quoi dire, parce qu’il avait conscience qu’aucune parole ne la réconforterait. Elle était endeuillée et se sentait coupable, et la seule chose qu’ils pouvaient faire, elle comme lui, c’était d’attendre que ces émotions passent.

Il ne la l?cha que quand elle parut prête à bouger, et il lui prit la main pour l’emmener à l’endroit où les ?mes étaient réunies pour le pique-nique. Yuri les guida jusqu’à leur couverture, placée en bordure du champ, sous les branches du Bois de Perséphone. Il l’aida à s’asseoir avant de la nourrir et de remplir son verre de vin, incapable de la quitter des yeux en constatant que sa joie refaisait surface et animait son visage alors qu’elle observait les ?mes, son peuple.

— ? quoi tu penses ? demanda Hadès, curieux.

Elle était assise en tailleur et émiettait un morceau de pain. Elle sembla réaliser ce qu’elle faisait en l’entendant et elle posa le pain avant de s’épousseter.

— Je pensais au fait de devenir reine.

— Et… tu es heureuse ?

— Oui, bien s?r, dit-elle avant de marquer une pause. J’imaginais comment ?a allait être, à ce qu’on ferait ensemble. Enfin, si Zeus accepte.

Hadès se crispa, frustré qu’elle accorde la moindre attention à Zeus. Il supposa plut?t qu’elle doutait de sa promesse, du fait qu’ils se marieraient même si son frère n’était pas d’accord.

— Continue de te projeter, ma chérie.

Un minuscule sourire presque imperceptible se dessina sur ses lèvres et elle tourna la tête en direction du pré d’Asphodèle et du palais qui dominait l’horizon de son ombre lugubre.

— J’aimerais parler de tout à l’heure, dit Hadès. Avant qu’Hécate nous interrompe, tu m’as demandé si je te faisais confiance.

Elle se crispa à son tour et il la vit hésiter avant de répondre.

— Tu as pensé que je ne viendrais pas te chercher, n’est-ce pas ? Quand Hermès m’a invoquée à Lemnos. Dis-moi la vérité.

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