Hadès essaya de ravaler le n?ud qui se formait dans sa gorge, et un sentiment de honte l’envahit. Il baissa les yeux sur ses mains.
— En effet, admit-il avant de croiser son regard vexé. Mais je m’inquiétais surtout au sujet d’Aphrodite. Je sais ce qu’elle attend de toi. J’ai peur que tu essaies de mener l’enquête seule pour identifier les agresseurs d’Adonis et d’Harmonie. Ce n’est pas parce que je ne te fais pas confiance mais parce que je te connais. Tu veux réparer le monde pour qu’il soit à nouveau s?r, tu veux réparer ce qui est cassé.
— Je t’ai dit que je ne ferais rien sans que tu le saches, dit Perséphone. Je le pensais.
Son ton et son regard étaient déterminés. Hadès lui avait souvent fait des promesses, et les paroles de Perséphone lui semblaient en être une.
Il la croyait.
— Je suis désolé, dit-il.
Il s’en voulait énormément d’avoir douté d’elle, et pire encore, de l’avoir laissée penser qu’il ne lui faisait pas confiance.
Elle ne lui répondit pas que ce n’était pas grave ni qu’elle acceptait ses excuses. Elle préféra plut?t retourner ses mots contre lui.
— Tu m’as dit un jour que les mots n’avaient aucune valeur. La prochaine fois, laisse parler tes actes.
Il hocha la tête.
Pendant un instant, une tension étrange s’installa entre eux. Hadès avait presque l’impression de devoir dire autre chose, de s’excuser à nouveau, mais il savait également que de tels mots n’auraient pas d’importance. Bient?t, le silence devint moins tendu, et Hadès s’allongea sur le dos, la tête sur les cuisses de Perséphone.
Elle éclata de rire en le voyant faire, mais elle parut heureuse de coiffer ses cheveux en arrière. Hadès aima cela et un sentiment de tranquillité l’enveloppa bient?t.
— Hadès, chuchota-t-elle d’une voix hésitante, comme si elle craignait qu’il se soit endormi.
— Hmm ?
Il ouvrit les yeux et la regarda. Il n’était pas du tout prêt pour la question qu’elle lui posa.
— Contre quoi as-tu échangé ta capacité à avoir des enfants ?
Il se demanda ce qui avait suscité cette curiosité. ?tait-ce à cause du temps qu’ils avaient passé avec les enfants à Asphodèle ? Sa question en amena une deuxième. Avait-elle des doutes au sujet de leur mariage ? Avait-elle décidé qu’elle voulait être mère ?
— J’ai permis à une femme mortelle de devenir divine, répondit-il.
? l’époque, cela lui avait paru puissant, mais c’était également pour cela que Dionysos lui devait une Faveur et n’avait d’autre choix que de se plier à sa volonté. Le dieu du Vin était venu le voir au sujet de sa mère, Sémélé, qui avait été tuée par Zeus et dont la mort était finalement le résultat de la jalousie d’Héra. Il avait supplié Hadès de la libérer. Hadès aurait aimé dire qu’il était allé voir les Moires par sympathie pour le dieu, mais ce qui l’intéressait surtout, c’était de lier Dionysos dans un contrat qui l’obligerait à faire tout ce qu’il lui demandait.
Les Moires avaient accepté d’accorder la divinité à Sémélé, mais en retour, Hadès avait d? céder sa capacité à avoir des enfants.
? l’époque, il n’avait même pas eu à réfléchir à un tel échange. C’était la décision la plus facile de sa vie. Il n’avait pas de grand amour, seulement des ma?tresses. Il s’était dit à l’époque que c’était une vraie bénédiction.
Mais les Moires n’étaient pas dupes. Il n’aurait pas d? l’être.
? présent, sa tête reposait sur les cuisses de l’amour de sa vie, et il ne pouvait pas faire d’elle une mère.
— Est-ce que tu l’aimais ? finit-elle par demander, se trompant sur ses raisons.
— Non. J’aimerais pouvoir prétendre que c’était par amour ou même par compassion, mais… je voulais obtenir une Faveur d’un dieu, donc j’ai négocié avec les Moires.
— Et elles t’ont demandé tes… nos… enfants ?
Une douleur surprenante le saisit quand il l’entendit parler de leurs enfants. Quel futur avait-il sacrifié en échange de la Faveur d’un dieu qui le ha?ssait ? Il s’assit et se tourna vers elle.
— ? quoi tu penses ?
Il avait besoin de savoir si c’était quelque chose qu’elle désirait car, si c’était le cas, il trouverait un moyen.
— ? rien. Je… j’essaie juste de comprendre le destin.
— Le destin n’a pas de logique. C’est pour cela qu’il est aussi simple de l’accuser.
Elle soutint son regard quelques secondes avant de tourner la tête, et il ne put s’empêcher de se demander si elle essayait vraiment de décider si elle pouvait l’épouser.
Il tendit le bras et effleura sa peau du bout des doigts.
— Si j’avais su… si j’avais eu la moindre idée que… je n’aurais jamais…
— Ne t’inquiète pas, Hadès, l’interrompit Perséphone. Je ne cherchais pas à te rendre triste.
— Tu ne me rends pas triste, répondit-il. Je repense souvent à ce moment et me rappelle la facilité avec laquelle j’ai abandonné quelque chose que je viendrais un jour à désirer. Mais c’est la conséquence de négocier avec les Moires. Inévitablement, on finit toujours par souhaiter ce qu’elles prennent. Un jour, à mon avis, tu m’en voudras pour ce que j’ai fait.
— Je ne t’en veux pas et je ne t’en voudrai jamais, déclara Perséphone comme si ces propos l’insultaient. Est-ce que tu ne peux pas te pardonner aussi facilement que tu m’as pardonné ? On fait tous des erreurs, Hadès.
Il étudia son regard, ne sachant ce qu’il y cherchait, mais il n’y trouva que son amour et sa gentillesse. Si cela avait été difficile de s’habituer à sa vision confiante du monde, c’était également quelque chose qu’il admirait chez elle. Elle lui rappelait le bon qui y existait, même en quantité minuscule.
Il rapprocha sa bouche de la sienne et l’allongea sur le dos. Il adorait la sentir sous lui et tout son corps se remplit d’une chaleur délicieuse. Ses mains affamées cherchèrent à ouvrir sa robe. Il retint son souffle quand elle trouva sa verge déjà pulsante de désir et le branla. Hadès était pris d’un vertige, il l’embrassa plus fort et avan?a le bassin pour s’enfoncer dans sa main jusqu’à ce qu’elle le libère et relève sur ses hanches la quantité ridicule de tulle qui formait sa jupe avant de le guider en elle. Quand il fut enfoui dans sa chaleur, il s’appuya sur ses coudes, la tête à quelques millimètres de la sienne.
Elle tressauta lors de son premier coup de bassin et gémit au second. Au troisième, elle pressa sa tête dans le sol et il plaqua sa bouche sur la peau de son cou pour la dévorer.
Putain, elle était tellement délicieuse, et il lui fallut tout son self-control pour maintenir un rythme lent plut?t que de l’empaler comme il l’avait fait la veille au soir. Il avait été une personne différente, alors, quelqu’un de plus primitif et possessif.
— Je t’offrirai le monde entier, chuchota-t-il.
— Je n’ai pas besoin du monde entier, dit-elle. Seulement de toi.
Il l’embrassa et lui fit l’amour, la faisant jouir sous le ciel étoilé.
Chapitre XVIII
Dionysos