La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

Aujourd’hui, ce fut dans le bureau du dieu du Feu, ce qui surprit Hadès car Hépha?stos ne lui accordait même pas l’accès à son atelier. Mais Hadès en comprit la raison dès qu’ils se manifestèrent.

Aphrodite était assise sur une méridienne placée au centre de la pièce, penchée sur une femme qui était étendue dans une position impossible. Hadès reconnut Harmonie, mais il lui fallut un moment, car elle était méchamment amochée.

Elle était la déesse de l’Harmonie et la s?ur d’Aphrodite.

C’était précisément ce qu’il redoutait.

Chaque centimètre de sa peau était couvert de terre, de sang ou de bleus, et deux os aplatis sortaient du sommet de son cr?ne. C’étaient ses cornes, et on les lui avait coupées.

— Oh mes dieux, dit Perséphone d’une voix tremblante, quittant Hadès pour rejoindre Aphrodite.

Il serra les poings pour s’empêcher de la ramener à lui, s’empêcher de la protéger de ?a. D’une certaine fa?on, elle avait besoin de conna?tre la réalité du monde et la menace qui planait sur eux autant que sur les mortels.

Néanmoins, la situation était inquiétante. C’était la deuxième attaque, et cette fois sur une déesse ; et les deux victimes avaient un lien avec Aphrodite.

Hadès leva la tête vers le coin sombre de la pièce où se trouvait Hépha?stos. Hadès n’en fut pas surpris. Il n’était jamais loin quand Aphrodite avait des soucis, telle une ombre qui ne la quittait jamais, même si elle ne le voyait pas.

— Que s’est-il passé ? demanda Hadès.

Les yeux d’Hépha?stos brillaient dans la nuit, signe de la colère qu’Hadès sentait tourbillonner en lui.

— Nous n’en sommes pas s?rs, répondit-il. Nous pensons qu’elle promenait Opale, sa chienne, quand elle a été attaquée. Elle a eu tout juste assez de force pour se téléporter ici. Elle n’était pas consciente en arrivant et nous n’avons pas réussi à la réveiller.

Cela ressemblait à ce qui était arrivé à Adonis. Tous deux étaient seuls quand ils avaient été agressés la nuit.

— Qui que soit le coupable, il va souffrir, dit Hermès d’un ton rempli de colère.

Il y avait deux aspects problématiques avec cette nouvelle attaque : non seulement Harmonie était une déesse, quelqu’un de sang divin, mais elle était gentille.

Perséphone quitta Hermès des yeux pour s’adresser à Hadès.

— Qui est-ce ?

— C’est ma s?ur, dit Aphrodite d’une voix chargée d’émotion.

Elle renifla et inspira avant de chuchoter son prénom.

— Harmonie.

— Tu peux la guérir ? demanda Perséphone en se tournant vers Hadès.

Sa question lui brisa le c?ur. Elle le lui demandait parce qu’il la guérissait souvent, mais, cette fois, c’était au-delà de ses capacités. Les blessures d’Harmonie étaient trop graves et nombreuses.

— Non, dit-il en ayant l’impression de la décevoir.

Malgré tous ses pouvoirs, il n’était pas tout-puissant.

— Pour ?a, il va nous falloir Apollon.

— Je ne pensais jamais t’entendre dire ?a, dit Apollon en apparaissant, répondant à l’invocation d’Hadès.

Le dieu de la Musique s’était changé. Il était désormais revêtu d’une armure, comme s’il s’apprêtait à s’entra?ner, ce qui n’était pas impossible étant donné que les Jeux Panhelléniques approchaient et qu’Apollon supervisait les entra?nements à la Palestre de Delphes.

Sa mine arrogante disparut dès qu’il vit Harmonie.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il en s’agenouillant près du canapé, entre Aphrodite et Perséphone.

— On ne sait pas, dit Hermès.

— C’est pour ?a que nous t’avons invoqué, ajouta Hadès.

Perséphone fron?a les sourcils.

— Je… je ne comprends pas, dit Perséphone. Comment Apollon pourrait-il savoir ce qui est arrivé à Harmonie ?

Sa question montrait combien elle était ignorante des dieux et de leurs pouvoirs. Ce n’était pas surprenant, mais cela inquiétait Hadès. Il avait eu des siècles pour étudier leurs nombreux pouvoirs et apprendre à les anticiper en cas de combat. Pas Perséphone. Comme de nombreux mortels, elle supposait que leurs titres étaient une indication de leurs capacités.

— Quand je guéris, je peux visualiser les souvenirs. Je devrais pouvoir m’immiscer dans ses blessures pour savoir qui les lui a infligées et comment.

En dépit de l’arrogance avec laquelle il parlait, la capacité à voir les souvenirs pouvait s’avérer dangereuse. Il y avait toujours le risque qu’il ne puisse faire la différence entre ce qu’il voyait et sa propre réalité, et s’il pensait être attaqué, il pouvait subir les mêmes conséquences qu’Harmonie.

— Douce Harmonie, qui t’a fait ?a ?

Apollon se mit à luire, tout comme Harmonie, puis à trembler et à convulser en découvrant les souvenirs de la déesse.

Perséphone ne put le supporter, elle se précipita sur lui pour le faire reculer.

— Apollon, arrête !

Il tomba en arrière, se rattrapant tout juste avant d’atterrir sur le sol.

— Est-ce que ?a va ? demanda-t-elle.

Il porta sa main sous son nez ensanglanté, mais il la regarda en souriant.

— Oh, Seph, tu tiens à moi, dit-il.

Hadès avait beau ne pas apprécier qu’Apollon attribue un surnom à sa ma?tresse, il aima le voir essayer de la réconforter.

Perséphone était beaucoup trop attentionnée.

— Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? demanda Aphrodite d’une voix aigu? et désespérée, transmettant sa peur à tous ceux qui étaient présents.

Personne ne voulait qu’Harmonie meure.

— Je ne sais pas, admit Apollon. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la guérir. Le reste… est entre ses mains.

Une fois de plus, Hadès sentit Perséphone se tourner vers lui. Combien de fois chercherait-elle une réponse en lui ? Combien de fois la décevrait-il ?

— Hadès ? dit-elle.

Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, elle voulait savoir si Harmonie allait survivre.

— Je ne vois pas la fin de sa ligne de vie, dit-il. Apollon, la question la plus importante est de savoir ce que tu as vu en la guérissant.

Il était frustré que le dieu ne leur ait encore rien dit des souvenirs d’Harmonie, même s’il savait que sa colère était déplacée. Le dieu se remettait encore de ce qu’il avait vu.

— Rien, admit Apollon en se massant les tempes. Rien qui pourrait nous aider, en tout cas, ajouta-t-il d’une voix désolée.

— Alors, tu n’as pas pu voir ses souvenirs ? demanda Hermès.

— Pas vraiment. Ils étaient sombres et flous. Je pense que c’est une réaction au traumatisme. Elle essaie sans doute de les réprimer, ce qui signifie qu’on n’aura peut-être pas plus d’informations quand elle se réveillera. Il y avait plusieurs agresseurs et ils avaient des masques blancs avec de grandes bouches ouvertes.

— Mais comment ont-ils pu lui faire du mal ? demanda Aphrodite. C’est la déesse de l’Harmonie. Elle aurait d? pouvoir influencer ces… monstres pour les calmer.

— Ils ont d? trouver un moyen d’annihiler son pouvoir, dit Hermès.

Hadès essaya de ravaler le n?ud dans sa gorge, les dieux échangèrent des regards inquiets.

— Mais comment ? demanda Perséphone.

— Tout est possible, répondit Apollon. Les reliques causent souvent des problèmes.

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