— Pourquoi tu la cherches ?
Du coin de l’?il, Dionysos regardait Ariadne danser et il avait désespérément envie de lui dire d’arrêter. Il avait désespérément envie d’elle.
Putain.
Il se racla la gorge.
— Elle me doit de l’argent, dit-il.
— Comme s’il t’en fallait plus ! remarque Michail.
— C’est par principe, dit le dieu. Tu le sais bien.
— Je comprends, en effet, dit Michail d’une voix distante.
Dionysos remarqua qu’il tournait la tête vers Ariadne et il ne put s’empêcher d’en faire de même.
Merde, merde, merde.
— Allons, chérie, dit Michail, ne sois pas timide. Montre-nous un peu de peau.
— Elle en montre suffisamment, gronda Dionysos.
Michail esquissa un sourire.
— Dionysos, ne me dis pas que tu t’es entiché de cette héta?re. Tu sais mieux que quiconque qu’elles sont payées pour tenir compagnie.
Dionysos avait bien fait de réagir ainsi, car Michail n’avait pas vu la fa?on dont Ariadne s’était figée et avait p?li en entendant sa requête.
Il fallait qu’ils sortent d’ici.
— Comme elle te l’a dit tout à l’heure, dit Dionysos, je ne la paie pas.
Michail l’étudia un moment avant de tirer sur son cigare. Il cracha la fumée et eut le même ricanement qu’il avait eu toute la soirée.
— D’accord, très bien, dit-il. Je serais mal placé pour te faire la le?on, j’ai eu le béguin pour une ou deux putes, moi aussi.
C’est alors que quelqu’un frappa à la porte et le jeune homme en pagne scintillant entra à nouveau.
— M. Calimeris, vous avez une minute ?
— Excuse-moi un instant, Dionysos, dit Michail en se levant.
Tendu et silencieux, Dionysos attendit que l’homme soit parti. Ariadne s’apprêtait à parler, mais il lui coupa la parole.
— Phèdre, aboya-t-il si vite qu’elle tressaillit.
Il espérait qu’elle comprendrait pourquoi il lui parlait ainsi, car il savait pertinemment ce que faisait Michail. On ne l’avait appelé pour aucune raison, il souhaitait simplement les observer. Ils étaient filmés et leurs voix étaient enregistrées.
— Viens.
Elle sembla comprendre que quelque chose clochait car, malgré son hésitation, elle vint le rejoindre.
Dionysos se pencha en avant et écarta les jambes. Il voulait qu’elle s’y installe, il avait besoin qu’elle soit tout près de lui.
— ? genoux, ordonna-t-il.
Elle soutint son regard avant de poser ses mains sur ses genoux pour se baisser. C’était la chose la plus érotique qu’il ait jamais vue, sans doute parce qu’il n’avait jamais imaginé que cette femme lui obéirait aussi facilement.
Il plongea une main dans ses cheveux et tira sa tête en arrière, puis il se pencha pour rapprocher sa bouche de son oreille. Elle retint son souffle et empoigna ses cuisses.
— Fais gaffe à ta bouche, dit-il.
C’était la meilleure mise en garde qu’il pouvait lui donner, craignant que s’il en disait trop, Michail doute de ses actions.
Dionysos recula pour la regarder de nouveau dans les yeux.
Elle prit une grande inspiration. Elle avait beau jouer ce r?le à merveille, elle peinait à ne pas le quitter.
— Je ne t’ai pas fait plaisir ?
— Tu parles ! aboya-t-il.
Elle soutint son regard tout en frottant ses paumes sur ses cuisses, lentement, délibérément.
— Qu’est-ce que je peux faire ?
Dionysos se contenta de la dévisager, incapable de réfléchir – et c’est pour cela, décida-t-il, qu’il l’embrassa. Bon sang, il en avait tellement besoin… Il posa une main derrière sa tête, la tint en place, et sa bouche s’empara de la sienne. Leur union n’avait rien de doux ni de tendre, tous deux étaient poussés par un désespoir qui semblait vivre dans leur moelle. Pourtant, aussi vite que cela s’était produit, Ariadne recula.
Elle le fusilla du regard, toujours agenouillée devant lui, les lèvres mouillées par leur baiser, les yeux animés par une tempête de haine et de désir.
Il s’apprêtait à s’excuser, mais elle se redressa pour l’embrasser à nouveau. Elle passa ses mains dans son cou et s’installa à cheval sur lui. Il empoigna ses fesses avant de lui mettre une fessée avec chaque main, puis il la saisit de nouveau pour l’aider à se frotter à sa verge, grognant de la sentir ainsi contre lui.
— Putain, siffla-t-il en l’embrassant dans le cou. Quelqu’un t’a déjà dit que tu étais parfaite ?
— Tu serais bien le premier, chuchota-t-elle.
— C’est bien dommage, dit-il alors que leurs bouches se percutaient à nouveau.
Dionysos ne s’était jamais senti aussi frénétique, mais Ariadne était comme une allumette et il voulait br?ler sous elle.
Il retira une main de ses fesses pour s’emparer de son sein, qu’il palpa et massa jusqu’à ce que son téton soit dur et que chaque caresse de son pouce la fasse gémir.
Bon sang, il le voulait dans sa bouche. Il était sur le point de baisser sa robe quand quelqu’un se racla la gorge et ils se figèrent tous les deux.
— Désolé de vous interrompre, dit Michail, qui était revenu, accompagné de deux colosses, vêtus de noir. Mais je viens d’apprendre une mauvaise nouvelle.
— Putain, à quoi tu joues, Michail ?
— ?a n’a rien à voir avec toi, Dionysos, dit le mortel. C’est entre ta nana et moi, n’est-ce pas, Phèdre ? Ou devrais-je dire Inspectrice Alexiou.
— Quoi ? dit Dionysos en les regardant tour à tour.
— L’inspectrice Alexiou travaille pour la Police Hellénique, expliqua Michail, qui pensait clairement que Dionysos n’était pas au courant. ?a fait des mois qu’elle arpente nos rues en secret. On la pistait depuis plusieurs semaines quand elle a disparu. Je supposais qu’elle avait fini au fond de la mer ?gée, mais il semblerait qu’elle ait trouvé un autre moyen d’obtenir ce qu’elle voulait.
— Et qu’est-ce que tu cherches ? demanda Dionysos.
Il la regardait, à présent. Les mains étaient sur ses cuisses, juste sous son arme. Elle soutint son regard.
— Je faisais juste mon travail, dit-elle. J’enquêtais sur la disparition de plusieurs femmes.
Sa poitrine se contracta.
Ariadne avait donc arpenté les rues à la recherche des femmes qu’elle avait finalement trouvées dans son club. Il était logique qu’elle ait commencé ici ; elle avait supposé que les femmes avaient été forcées à se prostituer.
— Désolé, ma biche, dit Michail, mais t’es pas aussi discrète que tu le penses. Maintenant, tu veux bien donner un peu d’espace à mon vénérable invité ?
Dionysos soutint le regard d’Ariadne, ne voulant pas la l?cher.
— Ariadne.
Il ne pouvait arrêter de dire son prénom.
— Je suis désolée, dit-elle en se levant.
— Ariadne !
Au moment où elle se levait, elle saisit son arme et tira deux fois : une balle pour chaque homme placé à c?té de Michail.
Dionysos se leva à son tour.
— Qu’est-ce que t’attends, Dionysos ? Tue-la, putain !