Dès que Michail leur eut tourné le dos, Dionysos regarda Ariadne d’un air qui disait ? qu’est-ce que je t’avais dit ? ?. Mais elle lui retourna un regard tout aussi assassin qui disait ? je sais ce que je fais ?.
Michail les emmena dans la salle principale de son club, en longeant les murs jusqu’à un escalier en spirale qui menait au balcon du premier étage, où se trouvaient plusieurs box privés d’où les occupants pouvaient regarder le spectacle en contrebas ou payer pour des représentations privées. L’intérieur du box était luxueux et sombre, la seule lumière provenait du faux feu situé dans le mur en marbre et où dansaient des flammes. Il y avait deux fauteuils en cuir séparés par une table.
La gorge de Dionysos se noua quand Michail s’assit, conscient qu’Ariadne allait devoir s’asseoir sur ses genoux.
Il s’installa et leva la tête vers elle, croisant son regard avant de la prendre par les hanches pour l’aider à s’asseoir. Si c’était pour le bénéfice des yeux de Michail, cela avait également un c?té pratique, car s’il voulait éviter qu’elle sente sa verge dure, c’était impossible. Elle avait déjà le regard rivé dessus et lorsqu’elle s’assit, la pression de sa cuisse contre la sienne lui donna le vertige.
Merde.
— ?a fait quelques semaines que je ne t’ai pas vu, dit Michail.
Dionysos arrivait à peine à se concentrer, car Ariadne avait passé son bras autour de ses épaules, appuyant son sein contre son torse.
— Hélas, le dieu des Morts m’a rendu visite, dit-il.
— Ah ? Quelqu’un est mort ? demanda Michail.
— Non. Hadès aime m’accuser de choses auxquelles il ne conna?t rien.
Dionysos sentait le regard d’Ariadne sur lui. Il se demanda si elle était aussi consciente que lui de sa présence, de la fa?on dont il avait posé les mains sur sa peau nue. Est-ce qu’elle sentait la chaleur grimper entre eux ?
Michail gloussa tout en glissant un cigare entre ses lèvres.
— J’ai entendu qu’il était ici ce soir.
Le dieu de la Vigne crut d’abord avoir mal entendu, ce qui était possible puisqu’Ariadne avait commencé à dessiner des cercles sur sa nuque.
— Quoi ? demanda-t-il, surpris.
— Eh oui, acquies?a Michail en allumant son cigare, envoyant un nuage de fumée épicée dans le box. On m’a dit qu’il était à Erotas. Je me demande à qui il peut bien rendre visite.
Dionysos se posait la même question, car Hadès n’était clairement pas là pour le sexe.
La porte du box s’ouvrit et un jeune homme entra avec un plateau. Il était presque nu, couvert d’un simple pagne à sequins. Il posa une bouteille de vin et deux verres sur la table, devant Dionysos et Michail. Le dieu de la Vigne nota qu’il n’y avait pas de troisième verre pour Ariadne, ce qui était typique de Michail. Il n’était pas du genre à se préoccuper des femmes ou des hommes qui accompagnaient ses invités. Pour lui, ceux-ci n’existaient que pour divertir et apporter du plaisir.
Michail n’accorda aucune attention au jeune homme, qui partit aussit?t. Le mortel se pencha pour remplir les deux verres.
— J’espère qu’il te plaira, dit-il. Il vient de mon vignoble privé.
Dionysos prit le verre.
— Tu veux go?ter ? demanda-t-il à Ariadne.
Il lui semblait qu’il se devait de le lui proposer, mais il n’était pas préparé pour ce qu’elle fit. Elle prit sa main dans la sienne et porta le verre à sa bouche, puis elle l’embrassa pour lui faire go?ter le vin.
Il essaya de ne pas réagir trop fort, mais il planta ses ongles dans sa peau pour l’attirer vers lui et frotter son bassin au sien. Quand elle recula, elle effleura son oreille avec sa bouche et su?a son lobe.
Dionysos contracta sa m?choire et Michail ricana.
— On dirait que tu as les mains bien pleines avec elle, dit-il en tirant sur son cigare. Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Dionysos ?
Il avait posé la question sur un ton suspicieux que Dionysos ne manqua pas de remarquer.
— Tu ne me crois pas capable d’être seulement venu prendre des nouvelles d’un vieil ami ?
Michail éclata de rire.
— Un vieil ami, certes. Mais prendre des nouvelles n’est pas dans ton habitude. Tu es là parce que tu veux quelque chose, comme toujours. Dis-moi. Peut-être que je peux aider.
— Peut-être, en effet, dit Dionysos.
Ariadne avait cessé de lui sucer l’oreille, ce qui était à la fois un soulagement et une déception, et Dionysos ne pouvait penser qu’à la sensation de ses seins contre son torse. Il se dit un instant qu’il devrait sans doute la toucher davantage, mais il ne pouvait adopter ce r?le aussi facilement qu’elle, car même si elle était d’accord, il ne l’intéressait pas réellement, et cela lui paraissait mal.
— Et si tu nous divertissais de loin, chérie ? demanda Michail.
Dionysos ne savait pas pourquoi le mortel faisait cette demande. Peut-être Dionysos lui semblait-il trop distrait ou bien il pensait, à tort, que le dieu ne voulait pas qu’elle entende leur conversation.
— Non, répondit Dionysos en plantant ses ongles dans les hanches d’Ariadne, comme si elle lui appartenait. Elle est très bien là où elle est, ajouta-t-il.
— Je gère, bébé, dit-elle en effleurant sa bouche.
Il ne put se retenir de grogner. Elle était à fond dans son r?le et il ne savait pas quoi en penser.
En fait, il détestait ?a, mais il se sentait ridicule parce qu’ils s’étaient mis d’accord sur ce qu’elle ferait.
Elle se leva et se tint bien droite.
— Tu as de la musique, chéri ? demanda-t-elle à Michail.
— J’ai tout ce que tu désires, ma biche, dit-il.
Elle sourit quand il attrapa une télécommande, appuya sur un bouton, et le box tout entier se mit à vibrer au rythme de la musique.
— ?a te va, ma belle ? demanda-t-il.
— C’est parfait, répondit-elle en souriant jusqu’aux oreilles.
Dionysos la fusilla du regard, mais elle ne sembla pas le voir. Elle avan?a vers la barre argentée qui scintillait à la lumière du feu et Dionysos ne put la quitter des yeux quand elle enleva sa veste. Il détestait être aussi curieux. Il se demandait ce qu’elle allait faire. Jusqu’où avait-elle joué ce r?le en tant que flic ?
C’est alors qu’elle empoigna la barre et se souleva en tournant tout autour, et Dionysos comprit que ce n’était pas sa première fois. Elle bougeait de fa?on superbe et naturelle, presque comme si elle voyait cela comme de l’art, pas comme une forme de divertissement. Il ne put détourner son regard alors qu’elle se cambrait et se déhanchait, et il se surprit à vouloir être la barre. La seule chose qui le retenait et l’empêchait de se perdre dans ses fantasmes, c’était l’idée que Michail était à ses c?tés et regardait également Ariadne danser en bandant. Cela l’énerva à un point qui le surprit. Il serra les poings sur ses cuisses.
C’était une erreur.
— Alors, Dionysos ? demanda le mortel.
Le dieu se racla la gorge, parvenant tout juste à quitter Ariadne des yeux.
— Je cherche une femme. Elle s’appelle Gorgo, dit-il en donnant le nom que Méduse semblait utiliser. Je crois qu’elle a travaillé pour toi quelque temps ?
— Ah ! dit Michail. Une créature superbe.
— Tu sais où elle est partie ?