La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

?a n’allait pas s’arranger. Le bruit de la grêle contre la vitre ne faisait qu’augmenter.

Leucé et Zofie furent les dernières à arriver. Apparemment, elles avaient décidé que vivre ensemble serait une bonne idée, mais d’après ce qu’Ilias lui rapportait, c’était assez désastreux. Leucé venait tout juste de retrouver sa forme physique après avoir été un arbre pendant plusieurs siècles, et Zofie… Zofie était née et avait été éduquée pour être une guerrière. Quand quelque chose n’allait pas dans son sens, son réflexe était de tuer, elle passait donc beaucoup de temps à détruire des choses sans raison.

Comme les distributeurs de snacks de la Tour Alexandria.

Elles avaient toutes les deux beaucoup à apprendre à propos de la société moderne.

Des deux, Hadès pensait que Leucé serait la plus mal à l’aise en sa présence. Après tout, c’était lui qui l’avait changée en arbre. Mais ce fut Zofie qui se figea quand elle le vit.

— Milord ! s’exclama-t-elle avant d’esquisser une révérence.

— Tu n’as pas à faire ?a ici, Zofie, dit Perséphone, même si Hadès n’y était pas opposé.

Il trouvait étrange que l’Amazone insiste pour s’incliner devant lui et pas devant Perséphone, alors que techniquement, c’était elle sa ma?tresse. Il savait que sa déesse serait mal à l’aise si elle le faisait, puisqu’ils étaient avec des… amis.

— Mais… c’est le roi des Enfers, dit Zofie.

— On est au courant, ricana Hermès. Regarde-le, c’est le seul gothique de la pièce.

Hadès le fusilla du regard, mais Hermès sourit en s’éloignant.

— Puisque tout le monde et là, faisons un jeu ! dit le dieu de la Ruse.

— Quel jeu ? demanda Hélène. Un poker ?

— Non !

Le cri avait échappé à presque tout le monde dans la pièce, y compris à Perséphone.

Hadès fron?a les sourcils.

Il savait qu’il avait une réputation en matière de jeux de cartes, et perdre contre lui co?tait cher aux mortels, mais il n’avait aucune envie de conclure un marché ce soir, sauf peut-être avec le mortel qui se faisait passer pour un Oracle. Il aimait l’idée de lui imposer un défi impossible, du genre : cesse d’être un psychopathe. Il échouerait de fa?on spectaculaire et Hadès pourrait débarrasser le monde de son ?me.

— Et si on jouait à ? Jamais je n’ai ? ? proposa Hermès.

Hadès grogna. Il détestait ce jeu.

Hermès sautilla jusqu’à la cuisine et se pencha sur le bar, parvenant à prendre plusieurs bouteilles d’alcool dans chaque main.

— Avec des shots ! ajouta-t-il.

— OK, mais je n’ai pas de verres à shot, dit Sybil.

— Dans ce cas, tout le monde choisit une bouteille, répondit Hermès en déposant les bouteilles sur la table basse.

— C’est quoi, ? Jamais je n’ai ? ? demanda Zofie.

— C’est exactement ce que tu penses, dit Hermès. Tu fais une déclaration au sujet de quelque chose que tu n’as jamais fait, et tous ceux qui l’ont fait doivent boire.

C’était précisément pour cela qu’Hadès détestait ce jeu. C’était bien la dernière chose qu’il voulait faire en présence de Perséphone. Il avait pratiquement tout fait puisqu’il existait depuis toujours, mais il n’avait pas eu l’occasion de tout dire à Perséphone. Il envisagea de mentir, mais il savait qu’Hermès s’empresserait de le dénoncer.

Eh merde.

Il ne le pardonnerait jamais au dieu de la Ruse.

Tout le monde se rassembla autour de la table du salon et dut regarder Ben envahir l’espace personnel de Sybil pour se faufiler par terre à c?té d’elle.

— Moi d’abord ! s’écria Hermès. Jamais je n’ai… couché avec Hadès.

Une bouffée de chaleur partit du sommet du cr?ne d’Hadès jusqu’à la pointe de ses pieds. Inutile d’invoquer Hécate pour torturer Ben. Hadès l’appellerait pour Hermès.

— Hermès ! gronda Perséphone.

Au diable Hécate. Peut-être que Perséphone le tuerait elle-même. En tout cas, son regard assassin était impossible à louper.

— Quoi ? r?la-t-il. Ce n’est pas facile pour quelqu’un de mon ?ge. J’ai déjà tout fait !

Ce n’est que lorsque Leucé se racla la gorge qu’il comprit pourquoi ce qu’il avait dit posait problème. Perséphone n’était pas la seule personne dans la pièce à avoir couché avec Hadès, et le rappel n’était agréable pour personne.

— Ah, dit-il. Aaah !

Un silence gênant suivit, Perséphone et Leucé burent une gorgée, et si Hadès riva son regard sur sa déesse, il sentait déjà la tension na?tre entre eux.

Ben décida que c’était son tour sans qu’on ne l’y invite.

— Jamais je n’ai harcelé une ex.

Hadès put go?ter son mensonge, et personne ne but, car personne d’autre n’était un psychopathe.

— Jamais je n’ai… eu de coup de foudre, dit Sybil.

Elle avait beau dire cela pour Ben en particulier, le mortel ne sembla pas le remarquer, ou peut-être qu’il s’en fichait, car il but une gorgée.

Hélène fut la suivante.

— Jamais je n’ai… eu de plan à trois.

Hadès sentit le regard insistant de Perséphone sur lui avant même qu’Hélène ait terminé sa phrase, mais il évita de la regarder en portant sa bouteille à sa bouche. Quand il plongea son regard dans le sien, elle semblait p?le, excepté ses joues qui s’empourpraient.

Ce n’était pas comme s’ils n’en avaient jamais parlé, enfin, pas de ?a précisément, mais il lui avait expliqué qu’il avait eu une longue vie. Il était donc normal qu’il ait eu de nombreuses partenaires et expériences. Peut-être aurait-il d? être plus précis.

Ce n’était clairement pas le meilleur moyen de lui apprendre ce qu’il avait fait, même si c’était dans le passé.

Il avait désespérément envie d’être à c?té d’elle, de passer son bras autour d’elle et de lui chuchoter à l’oreille combien il l’aimait, lui dire qu’aucune expérience passée ne lui arrivait à la cheville.

Le jeu continuait, et cela ne fit qu’empirer.

— Jamais je n’ai… mangé sur le corps nu de quelqu’un, dit Ben, et Hadès dut boire.

— Jamais je n’ai… baisé dans la cuisine, dit Hélène.

Encore une gorgée.

— Jamais je n’ai baisé dans un lieu public, dit Sybil.

Hadès but encore.

Il ne pensait pas dire cela un jour, mais il en avait assez de boire. ? chaque gorgée, il sentait l’énergie de Perséphone se transformer pour devenir noire et colérique, et elle repoussait la sienne.

Il n’aimait pas du tout ?a.

— Jamais je n’ai… baisé avec une prêtresse, dit Hermès.

— Tu mens, dit Hadès.

— Ah bon ? demanda Hermès d’un ton surpris avant de hausser les épaules. Hmmm, d’accord.

Hadès ne but pas, cette fois.

— Jamais je n’ai simulé un orgasme, déclara Hélène.

Horrifié, Hadès regarda Perséphone porter son verre à sa bouche parfaite pour boire une gorgée.

C’était un putain de mensonge.

Il plissa les yeux. Il était le seul avec qui elle avait couché, et il savait parfaitement qu’il ne l’avait jamais laissée insatisfaite ou sur sa faim.

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