La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

Il grin?a des dents et Perséphone quitta ses bras pour frapper à la porte. Hadès n’aimait pas que la chaleur de son corps le quitte.

Et il aimait encore moins qu’un homme leur ouvre – non pas parce qu’il représentait une menace mais à cause de l’impression qu’il dégageait. Il avait l’air faux et trompeur.

Hadès reposa sa main sur la taille de Perséphone. Il ne savait pas s’il devait être soulagé ou inquiet que Perséphone ait l’air aussi confuse de découvrir l’homme blond aux yeux bleus.

— Euh, je crois qu’on s’est trompés de…

— Perséphone, c’est ?a ? demanda l’homme.

Hadès se crispa. Il n’aimait pas sa fa?on de dire son nom. Il était trop familier, trop à l’aise.

— Perséphone ! s’écria Sybil en courant vers eux.

L’homme ne bougea pas, obligeant l’Oracle à passer sous son bras, qu’il appuyait contre la porte tel un garde.

Hadès n’aima pas ?a, non plus.

Il l?cha Perséphone quand Sybil la prit dans ses bras.

— Je suis trop contente que tu sois là ! dit-elle d’une voix soulagée.

Hadès lan?a un regard noir au mortel qui les regardait sans bouger. Avait-il mis Sybil mal à l’aise dans sa nouvelle maison ?

Il serra les poings.

Si Sybil ne le présentait pas rapidement, Hadès était prêt à l’envoyer sur une ?le déserte, quelque part au large de la Nouvelle Grèce.

— Je suis contente que tu aies pu venir aussi, Hadès.

Surpris, Hadès regarda l’Oracle dans les yeux.

— J’apprécie l’invitation, répondit Hadès en toute sincérité.

Il était rarement invité à un événement qu’il n’organisait pas lui-même.

— Tu ne vas pas me présenter ?

L’homme qui montait la garde avait fini par croiser les bras et semblait désormais bouder. Sa voix était on ne peut plus irritante et il parlait avec un ton suffisant qu’Hadès trouvait insupportable. Il avait l’impression que le mortel parlait seulement pour attirer l’attention sur lui-même. Or il avait celle d’Hadès.

Le dieu des Enfers le fusilla du regard.

Avait-il vraiment besoin d’être présenté à la mort ?

Sybil se tourna à moitié vers lui, comme si elle avait oublié qu’il était là, puis elle adressa à Hadès et Perséphone un regard désolé, comme pour les prier d’excuser son insolence.

— Perséphone, Hadès, je vous présente Ben.

— Salut, je suis le petit ami de…

— Ben est mon ami, s’empressa de préciser Sybil.

Hadès regarda Perséphone, qui ne parvenait pas à cacher son étonnement.

— Enfin, je serai bient?t ton petit ami, insista Ben.

Hadès ne pouvait masquer son dégo?t et il lan?a un regard assassin au mortel ; un regard qui ne fit que s’assombrir quand Perséphone accepta de lui serrer la main.

— C’est un… plaisir de te rencontrer, dit-elle.

Elle était bien trop gentille.

Ben se tourna vers Hadès, la main tendue.

— Mieux vaut que tu ne me serres pas la main, mortel.

Premièrement, il la lui broierait. Ensuite, il le forcerait à affronter toutes les peurs qu’il avait pu un jour ressentir. Cela ne prendrait qu’une fraction de seconde et cela le rendrait fou. Hadès aurait adoré voir ?a, mais il lui semblait que Perséphone n’aurait certainement pas approuvé.

La réponse d’Hadès ne plut pas au mortel et un éclat de colère brilla dans ses yeux. Cela fit presque sourire Hadès qui espérait qu’il dise quelque chose, comme ?a, il pourrait saisir l’occasion pour le bannir de la fête. Pourtant, dans le silence qui suivit, l’homme parut se ressaisir et retrouver sa fa?ade joviale, bien que troublante.

Il sourit et bougea enfin.

— Eh bien, vous entrez ? demanda-t-il.

Hadès n’avait aucune envie de partager un espace aussi réduit avec lui. La soirée commen?ait mal, mais il posa la main dans le creux des reins de Perséphone et ils entrèrent dans l’appartement.

Il sentit son regard sur lui, à la fois curieuse et observatrice.

— Quoi ? demanda Hadès.

— Tu as promis d’être sage.

— Apaiser les mortels n’est pas dans ma nature, répondit-il.

Surtout ceux qui étaient suffisants face à la mort.

— Mais c’est dans ta nature de m’apaiser, moi, dit-elle.

Ses propos attirèrent son regard sur son visage alors qu’ils arrivaient au bout du couloir et s’arrêtaient dans une petite cuisine, éclairée par un néon blafard.

Il soutint son regard et lui offrit un sourire.

— Hélas, chuchota-t-il, tu es ma plus grande faiblesse.

Elle l’étudia d’un air plein de tendresse. Si elle continuait comme ?a, il allait vraiment la prendre dans cet appartement.

— Je vous sers du vin ? proposa Sybil en entrant dans la pièce et en s’immis?ant entre eux, pour atteindre le bar.

? l’évidence, elle savait ce dont ils avaient besoin pour endurer cette soirée, puisque Ben insistait pour rester.

— Avec plaisir, répondit Perséphone.

— Et toi, Hadès ?

— Du whisky… peu importe la marque. Pur.

Il marqua une pause, car Perséphone le regardait en fron?ant les sourcils, mais il ne savait pas ce qui lui avait déplu.

— S’il te pla?t ?

Peut-être aurait-il d? invoquer son propre alcool.

— Pur ?

Hadès grima?a en entendant la voix du mortel. Peut-être était-ce parce qu’il ne pouvait ouvrir la bouche sans dire une ?nerie.

— Les vrais amateurs de whisky ajoutent au minimum de l’eau.

Un silence atroce fondit sur eux, ce que tout le monde sembla remarquer, excepté Ben. Perséphone et Sybil se figèrent et écarquillèrent les yeux en attendant qu’Hadès réponde.

Il regarda le mortel et lui parla d’une voix lourde de dédain.

— Je préfère ajouter du sang de mortel.

C’était une blague, mais Hadès était bien tenté de tester sa nouvelle recette en prenant Ben pour son premier sacrifice.

Merde, il avait rarement autant détesté quelqu’un de sa vie.

— Bien s?r, Hadès, dit Sybil en faisant mine de ne pas avoir entendu l’échange entre Ben et Hadès.

Elle prit une des nombreuses bouteilles sur le bar et la lui tendit.

— Tu vas sans doute en avoir besoin, ajouta-t-elle.

Il lui sourit aussi chaleureusement que possible.

— Merci, Sybil, dit-il en ouvrant la bouteille pour boire à même le goulot.

— Alors, comment as-tu rencontré Ben ? demanda Perséphone pendant que Sybil lui servait un verre de vin.

Hadès faillit répondre à sa place, car cet enfoiré avait d? la suivre de loin, mais Ben répondit avant lui.

— Aux Quatre Olives, où je travaille, dit-il. Pour moi, ?a a été le coup de foudre.

Perséphone avala de travers en grima?ant et Hadès fut satisfait de voir qu’il ne s’était pas trompé.

Sybil les regarda d’un air désespéré. ? l’évidence, elle avait essayé de remettre le mortel à sa place. Le problème était qu’elle pensait pouvoir lui accorder une place d’ami, alors qu’à l’évidence il n’aurait jamais d? entrer dans sa vie.

Sa place était en prison.

Ou au Tartare.

L’une ou l’autre option aurait contenté Hadès.

Le silence fut interrompu quand quelqu’un frappa.

— Dieux merci, dit Sybil en se dirigeant vers la porte d’un pas pressé.

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