La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

C’était ?ros et sa magie chaude et entêtante, qui semblait déplacée dans cette situation. Il était apparu aux c?tés d’Aphrodite.

Hadès se tourna et les regarda tous les deux, mais il ne put se concentrer que sur Aphrodite, dont l’expression restait bizarrement neutre. Il s’attendait à ce qu’elle change, qu’elle se rende compte de ce qui s’était passé et qu’elle explose de rage ou qu’elle fonde en larmes, mais elle n’en fit rien, même si son regard restait rivé sur le mortel décédé.

— Quand je suis arrivé, il nous avait déjà quittés.

Hadès se pencha sur le corps. Un bon nombre de personnes pouvaient être responsables de cette mort, mais c’était la gravité des blessures qui inquiétait Hadès. C’était un crime de haine.

Il l’étudia longuement avant de tendre la main vers le cadavre.

— Ne le touche pas ! dit Aphrodite en s’avan?ant, retenue par ?ros.

Hadès lui jeta un ?il, puis l’ignora. Il posa sa main à plat sur le dos du mortel et, aussit?t, des filaments noirs sortirent du corps pour s’enrouler autour du bras d’Hadès. Ils continuèrent de monter jusqu’à ce qu’Hadès soit s?r de sa prise, et quand il tira dessus, il libéra l’?me d’Adonis. Elle s’évanouit aussit?t, transportée sur les berges du Styx où Charon l’accueillerait pour la traversée.

— Qu’est-ce que tu as fait ? demanda Aphrodite.

— Son ?me n’avait pas encore quitté son corps, dit Hadès en se redressant.

D’ailleurs, cela rendait le crime encore plus affreux. Il était fréquent que les ?mes abandonnent leur enveloppe corporelle lors d’agressions violentes afin d’éviter le gros du traumatisme qu’elles subiraient inéluctablement. Celle d’Adonis n’y avait pas échappé, ce qui signifiait que son ?me était aussi amochée que son corps. Cela impliquait également qu’il ne leur apprendrait rien dans l’au-delà. Il serait trop bouleversé pour les aider.

— Apollon ! appela Hadès en espérant que son appel aboutisse.

— Pourquoi tu l’appelles ? demanda Aphrodite.

Hadès regarda ses yeux rougis et remarqua sa colère.

— On doit savoir exactement comment il est mort, dit Hadès. Je ne pense pas que ce soit l’?uvre d’une poignée de mortels jaloux.

— Qui d’autre ?a pourrait être ?

— Je ne sais pas, admit Hadès.

Il ne savait expliquer pourquoi il tenait tant à résoudre cette énigme. Il n’aimait pas Adonis, mais il aimait Aphrodite en dépit de ses manigances, et il s’inquiétait qu’un de ses proches ait été tué. C’était une violation.

— Qu’est-ce qu’il y a ? b?illa Apollon en apparaissant dans le froid de la nuit, vêtu d’un peignoir fleuri.

Quand il eut terminé de se frotter les yeux et qu’il regarda par terre, il leva le pied.

— Beurk, c’est quoi, ?a ?

— Un cadavre, Apollon, répondit froidement Hadès.

— Dégo?tant, dit le dieu de la Lumière tout en s’approchant pour se pencher et l’étudier de près.

— J’ai besoin que tu fasses une autopsie, dit Hadès. On doit savoir comment il est mort.

— Eh bien, je peux te garantir que le fait qu’il ait été réduit en bouillie ne l’a pas aidé.

— Apollon, gronda Hadès, agacé par son sarcasme. Cet homme était un Favori d’Aphrodite.

Apollon se releva et regarda la déesse de l’Amour en p?lissant.

— Ah, dit-il. Merde.

— Oui, merde, ajouta Hadès.

Apollon fron?a les sourcils et se concentra à nouveau sur le corps. Il était pieds nus, mais ne semblait pas dérangé de marcher dans une flaque de sang coagulé.

Hadès ne savait pas ce que le dieu faisait, mais au bout de quelques secondes, celui-ci tendit la main et ramassa quelque chose par terre, près du corps. Cela ressemblait à un manche de poignard.

— Je présume que je vais trouver pas mal de coups de couteau.

Hadès se tourna vers Aphrodite. Il était difficile de savoir quoi faire, à présent. Devaient-ils informer ses mortels favoris de cette attaque et risquer que cela fuite dans les médias ? Le meurtre d’un Favori était une chose, ce genre d’attaque arrivait de temps en temps, mais c’en était une autre que l’agression se soit produite aussi près d’un établissement divin.

— Je ne pense pas qu’il soit exagéré de dire que c’est sans doute l’?uvre des Impies, dit Hadès.

Quant à savoir s’ils étaient associés à la Triade, cela restait à voir.

Les Impies étaient des mortels qui ne vénéraient pas les dieux. Certains vivaient tranquillement dans leur rejet du culte, mais d’autres étaient bien plus extrêmes et choisissaient des méthodes violentes pour attaquer les dieux. Certains s’étaient rassemblés sous la bannière officielle de la Triade, un groupe qui préconisait l’équité, le libre arbitre et la liberté tout en terrorisant de nombreux mortels dans leur quête de cette prétendue liberté.

? présent, les membres de la Triade prétendaient être de pacifiques manifestants, même si Hadès ne les croyait pas. Or il y avait une chose qui plaidait en leur faveur, c’était le chaos causé par quiconque avait tourné le dos aux dieux.

— Protège ton cercle proche, Aphrodite, dit Hadès. Je crois qu’ils cherchent à attiser ta colère.

— Pourquoi quelqu’un chercherait à me mettre en colère ? demanda-t-elle en serrant les poings.

— Pour illustrer un point.

— Quel point, Hadès ?

— Que la Faveur d’un dieu ne vaut rien, dit-il.





Chapitre VI



Hadès





Hadès souhaita une bonne journée à Perséphone, mais il avait l’impression de la jeter dans l’océan de Poséidon. Elle ne travaillait même pas dans un bureau. Mais au Coffee House, comme si elle n’était pas sa fiancée, comme si elle n’avait pas attiré l’attention de tous les dieux et mortels de la Nouvelle Grèce. Les vautours allaient décrire des cercles autour d’elle, et la seule chose qui le rassurait un peu, c’était qu’Antoni l’escortait à son lieu de travail et que Zofie ne serait pas loin.

Dès qu’elle fut partie, Hadès chercha Thanatos et le fermier qu’il avait amené aux Enfers. En dépit de sa fin affreuse, il s’était installé au Pré d’Asphodèle, dans une maison en bordure du champ qui servait aux cultures. Plusieurs hectares étaient prévus pour cultiver le blé et l’orge, les vignes et les légumes ainsi que des oliviers et des figuiers. Au-delà des champs, un grand pré était occupé par des vaches et des chèvres. Des ?mes vaquaient ici et là, occupées à l’entretien des lieux, à la cueillette, et à nourrir et s’occuper du bétail.

Parmi ces ?mes se trouvait le nouveau fermier, qui était assis sur un tabouret et trayait une vache. Il portait les vêtements dans lesquels il était mort, une chemise à carreaux et une salopette en jean.

Leur ombre s’étendit sur lui quand ils s’approchèrent et il s’arrêta pour se tourner vers eux.

— Georgios, dit Thanatos, voici Lord Hadès.

— Lord Hadès, dit le fermier en se levant d’un bond et en retirant maladroitement son chapeau, révélant quelques cheveux fins qui couvraient à peine sa calvitie. Eh bien, je… que puis-je faire pour vous ?

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