La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

Hadès fut amusé de voir le fermier bégayer.

— C’est un plaisir de vous rencontrer, Georgios, dit le dieu. J’espère que vous vous êtes habitué au lieu ?

— Comme à la maison, dit l’?me.

C’était un mensonge. Hadès le vit au plissement de ses yeux et à leur fa?on de s’assombrir quand il parlait.

— J’espère que ?a le deviendra un peu plus chaque jour, répondit-il.

C’était d’ailleurs ce qu’il souhaitait à tous ceux qui venaient reposer dans son royaume.

— Georgios, dit Hadès, je suis venu vous interroger sur votre mort.

Le fermier p?lit.

— Ben, je ne me rappelle pas vraiment…

— Ne pensez pas à cette nuit-là, dit Hadès. Avant ?a, est-ce que quelqu’un est venu chez vous pour vous interroger au sujet du monstre que vous avez vu dans votre champ ?

— En fait, oui, dit Georgios. Deux hommes en costard.

Hadès hocha la tête.

— Ils étaient comment ?

— Je ne saurais pas vraiment les décrire, sauf pour dire qu’ils détonnaient.

— ? cause de leur tenue ?

Georgios fit non de la tête.

— C’était plus que ?a. Ils étaient juste différents. Différents comme vous.

— Différents comme moi ? demanda Hadès. C’est-à-dire ?

— Ils étaient divins, je suppose.

Des demi-dieux, peut-être ? Hadès se demandait bien de qui il s’agissait, et s’ils avaient été envoyés par Thésée.

— Et que voulaient-ils ?

— Ils ont dit qu’ils étaient là parce qu’ils avaient appris que j’avais vu un monstre. Je ne sais pas trop comment ils l’ont su… je l’avais seulement dit à un voisin, mais les informations circulent vite dans les villes qui entourent Thèbes. Quoi qu’il en soit, je leur ai montré l’endroit. C’était facile à voir, parce que l’herbe était encore aplatie.

— Et qu’ont-ils dit ?

— Rien. Ils sont partis, c’est tout, répondit Georgios.

Il resta silencieux un moment avant de comprendre la raison pour laquelle Hadès l’interrogeait au sujet des deux hommes et du monstre.

— Je suppose que vous pensez qu’ils sont revenus me tuer ?

— On ne peut pas en être s?r… à moins que vous les ayez vus ?

L’?me secoua la tête.

— Plus tard dans la soirée, j’ai entendu un bruit dehors. J’ai cru que le monstre était revenu, mais quand je suis sorti sur le porche, j’ai re?u un coup sur la tête. Après ?a, je ne me souviens de rien.

Hadès et Thanatos se regardèrent, et quand Hadès se tourna de nouveau vers Georgios, il lui tendit la main.

— Je suis navré de vous avoir fait revivre ?a, Georgios.

— Ne soyez pas désolé, répondit le fermier en serrant sa main. Peut-être parviendrez-vous à me rendre justice.

— Ce sera le cas, dit Hadès. Je vous le promets.

Hadès et Thanatos laissèrent le fermier reprendre sa traite. Les deux dieux s’en allèrent c?te à c?te et aucun ne parla avant d’être suffisamment éloignés des ?mes.

— Tu crois qu’il a été tué par des demi-dieux ? demanda Thanatos.

Cela en avait tout l’air. Un véritable dieu ne se masquerait pas. Et un mortel n’aurait jamais été décrit comme divin.

— S’ils n’ont pas pressé la détente, ils l’ont ordonné, dit Hadès, même s’il restait encore à découvrir qui les avait envoyés à la ferme.

Hadès penchait pour Thésée, mais il savait qu’il était dangereux de faire une fixette sur lui. De nombreux demi-dieux vivaient en Nouvelle Grèce sans que personne ne le sache et leurs pouvoirs étaient inconnus. N’importe lequel d’entre eux aurait pu entendre parler de la résurrection de l’Ophiotauros et décider de le pourchasser.

— Qui que ce soit, dit Thanatos, je redoute les vies qu’ils vont prendre.

— Espérons qu’il n’y en ait pas d’autres.

— Ces fichues tueuses, bougonna Hermès en apparaissant à quelques pas d’Hadès et Thanatos.

Il s’approcha en époussetant ses vêtements et ses bras comme s’il était couvert de poussière.

— Eh bien, dit-il en croisant le regard d’Hadès, tu n’avais pas tort au sujet de Dionysos.

Hadès haussa les sourcils, mais il fut distrait par une marque rouge sur la peau d’Hermès.

— Est-ce que… tu as pris un coup de poing ?

— Attends, tu as déjà vu les Ménades se battre ? Elles sont vicieuses. Je crois que je suis amoureux.

Hadès rit.

— On dirait que tu as eu une journée mouvementée, dit Thanatos avec un sourire en coin.

— Et si tu nous en parlais ? demanda Hadès, tout en sachant qu’il n’aurait pas besoin de supplier longtemps le dieu de la Ruse.

Il préparait clairement une performance thé?trale.

— Je traquais l’Ophiotauros. J’avais entendu des rumeurs selon lesquelles quelqu’un avait repéré un grand serpent aux abords de Sparte, ce qui semblait prometteur, et ?a l’était puisque j’ai trouvé une tra?née de sang.

Hadès fron?a les sourcils.

— Beaucoup de sang ?

— Pas assez pour laisser penser à un coup fatal, mais quelque chose l’a clairement blessé. Quant à savoir quoi, je n’en sais rien, parce que j’ai été interrompu par trois féroces… démons !

Les Ménades de Dionysos, pensa Hadès.

Ce n’était pas surprenant, mais Hadès se demanda si Dionysos le lui dirait s’il capturait le monstre le premier.

— Et ensuite ? demanda Thanatos.

— Je suis venu ici, dit Hermès. Essaie de leur échapper, toi. Elles ont des crocs !

— La plupart des gens ont des dents, dit Hadès.

— Ce n’est pas vrai, Hadès. Crois-moi, rétorqua Hermès.

? son regard, Hadès supposa qu’il avait vu bien des choses.

— Bref, j’y retournerais bien, mais je suis un peu excité, là, et je ne crois pas que ces demoiselles soient intéressées par un plan à quatre, alors…

Hadès soupira et Thanatos prit son visage entre ses mains.

— Tu es obligé d’être aussi direct, Hermès ? demanda Hadès, ce à quoi le dieu de la Ruse sourit.

— C’est pour ?a que tu me gardes avec toi.

Hadès leva les yeux au ciel en réfléchissant à la suite.

— Est-ce que le sang était frais ? demanda-t-il.

— Non, mais je ne saurais pas dire de quand il datait.

Ce n’était pas aussi prometteur qu’il le pensait. Néanmoins, il se demanda s’il pouvait envoyer Zofie sur les traces de l’Ophiotauros. C’était une Amazone formidable, et elle ne se laisserait pas distraire comme Hermès qui, apparemment, était masochiste.

Le seul bémol, c’était que cela impliquait de l’enlever à Perséphone.

— Tu sais, si tu voulais vraiment trouver cette créature, tu pourrais demander de l’aide à Artémis, proposa Hermès.

Hadès frissonna en entendant le nom de la déesse de la Chasse, même si Hermès n’avait pas tort. Il n’y avait pas de meilleure chasseuse qu’elle, mais Artémis n’était pas du genre à aider qui que ce soit en dehors de ceux qui l’adulaient. Si elle entendait parler de l’Ophiotauros, il y avait de fortes chances qu’elle le tue et br?le ses entrailles elle-même.

— Plut?t me faire croquer la queue, dit Hadès.

— Essaie de te la faire sucer par un édenté.

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