La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— De tous les dieux, c’est Héra qui est dans notre camp depuis le plus longtemps, dit-il.

Le fait qu’elle déteste son mari était précieux, tout comme le fait qu’il continuait de lui pardonner malgré ses nombreuses trahisons, mais c’était la nature de l’amour, la plus grande faiblesse de toutes. Ce serait la perte de Zeus, tout comme ce serait la perte d’Hadès.

— Je pensais que tu serais plus discret, dit-elle. ?tant donné que tu enfreins la loi.

Il se pencha vers elle, effleurant son oreille avec sa bouche, savourant la fa?on qu’elle avait de grimacer de dégo?t.

— C’est toi qui as enfreint la loi en te battant contre les dieux.

— Tu as kidnappé mon amie.

— Est-ce un crime si personne ne le sait ?

La m?choire de Perséphone se contracta et il sentit sa colère frémir. Il avait envie d’y go?ter, et c’est ce qu’il ferait, bient?t.

— Ne te fatigue pas à réfléchir à la torture que tu m’infligeras quand je mourrai. Hadès s’est déjà attribué cet honneur.

Perséphone éclata de rire.

— Oh, mais je ne te torturerai pas quand tu seras mort. Quand je te torturerai, tu seras encore vivant.

Il l’espérait sincèrement. Il aimait la douleur.

Il la tra?na à l’étage, l’obligeant à marcher au même rythme que lui. Quand ils arrivèrent devant la suite, il lui tint la porte ouverte. C’était le moins qu’il pouvait faire – vraiment, le strict minimum.

Elle garda les yeux rivés sur lui en franchissant le seuil, puis elle aper?ut son amie dans un coin.

— Sybil !

Il sut tout de suite qu’elle lui obéirait, à présent. Il avait entendu ce cri aigu de nombreuses fois par le passé et il savait ce qu’il signifiait. Elle était horrifiée, et elle comprenait la menace.

Il la laissa aller voir son amie, qui était à peine consciente, ensanglantée et méchamment amochée. Elle s’agenouilla à ses c?tés et chuchota son nom d’une voix désespérée. Thésée aimait l’entendre et il pencha la tête sur le c?té, empli de fierté. Elle fredonnait une chanson triste qu’il avait lui-même composée.

Il attendit.

Elle se tourna vers lui et vit l’autre corps.

— Harmonie !

— Ah, oui, ricana Thésée. Celle-là était avec elle quand on s’est pointés. Elle a compliqué les choses, alors j’ai d? m’en occuper aussi.

— Tu n’étais pas obligé de leur faire mal, cracha-t-elle d’une voix tremblante.

Tant mieux.

— Mais si. Tu comprendras, un jour, les mesures qui sont nécessaires pour gagner une guerre, dit-il avant de désigner le garde d’un hochement de tête. Théo est ton garde du corps. Théo, gronda-t-il d’un ton autoritaire.

Pour étayer ses propos, l’homme dégaina un poignard et colla la lame à l’annulaire de Sybil.

— Non ! cria Perséphone en avan?ant vers eux.

— Ah ah ah, chanta Thésée en levant la main, paume tournée vers elle pour l’arrêter.

Perséphone se figea, le regard noir de rage.

— Théo est le fils d’un boucher. C’est un charcutier expert. Il a re?u l’ordre de démembrer ton amie si tu te comportes mal. Pas d’un seul coup, bien s?r. Je reviens vite.

Thésée sortit de l’h?tel, tout son corps fourmillait de plaisir.

S’il en avait eu le temps, il aurait fait venir Hélène pour la prendre en se rendant à sa prochaine destination. Elle ne lui résisterait pas, à moins qu’il le lui demande, mais c’était moins fun quand ce n’était pas sincère. Hélène n’était qu’un réceptacle à son plaisir, un moyen de se détendre quand il se trouvait dans ce genre de situation. Il aurait largement préféré la résistance que seule des femmes comme Ariadne ou Perséphone pouvaient offrir.

De toute fa?on il n’avait pas le temps. La magie de Perséphone ne retiendrait pas Hadès longtemps et dès qu’il serait libre, Thésée savait précisément ce qu’il chercherait : les signatures énergétiques des pierres de sa bague de fian?ailles.

Il monta à l’arrière du SUV et quand la portière se referma, Héra apparut à c?té de lui.

Thésée ne la regarda pas, mais il sentit ses soup?ons. C’était très désagréable et ?a g?chait le plaisir qu’il avait pris avec la déesse du Printemps.

— On ne pourra plus faire marche arrière, dit-elle.

— Tu as des doutes ? demanda-t-il d’une voix ennuyée.

— Je me demande si j’ai eu tort de miser sur un demi-dieu.

Thésée gloussa froidement.

— Pour miser, il faut de la confiance. Et soyons honnêtes, aucun de nous deux ne fait confiance à l’autre.

Thésée n’était pas dupe. Il savait que si Héra était attrapée avant qu’ils n’aient pu emprisonner Zeus, elle l’accuserait de rébellion. S’ils réussissaient, elle essaierait de le tuer pour s’emparer du tr?ne olympien. Elle était prévisible, et c’était terriblement ennuyeux.

Ils arrivèrent au Palais de Cnossos, dont l’extérieur n’était qu’un amas de ruines.

— C’est ici que tu comptes piéger Hadès ? ricana Héra. Il ne se fera jamais avoir.

Thésée sortit la bague de Perséphone de sa poche. Elle était froide contre sa peau, ayant perdu la chaleur de la déesse.

— Il ira n’importe où s’il pense y trouver Perséphone.

Thésée referma la main et entra dans le palais. Derrière ses fa?ades abandonnées se trouvait un ancien labyrinthe, et Thésée avait passé les dernières années à créer un vaste réseau de cellules assez puissantes pour y enfermer des dieux.

C’était sa propre version du Tartare, abritée dans un labyrinthe, et ils s’apprêtaient à découvrir son efficacité.

Héra le suivit, restant quelques pas en arrière, craignant sans doute qu’il essaie de l’emprisonner ; mais elle ne l’intéressait pas encore.

C’était Hadès, le problème, l’épine dans son pied.

Thésée savait que le dieu des Morts élaborait son propre plan, non seulement pour le combattre, lui, mais aussi pour renverser son frère – mais Hadès allait découvrir qu’il n’avait pas été assez rapide.

Le demi-dieu emprunta un escalier qui s’enfon?ait dans les profondeurs sombres du palais, atteignant une lourde porte métallique qu’il ouvrit en y pressant la paume de la main. Elle donnait sur une longue rangée de cellules, et Thésée pouvait déjà entendre le souffle lourd et rauque du Minotaure en avan?ant vers le milieu du couloir, jusqu’au monstre.

Celui-ci était grand et le dépassait de plusieurs têtes. Il avait la tête d’un taureau et son museau était mouillé et dégoulinant. Il meuglait et fon?ait sur les barreaux en les traversant avec ses cornes, se fichant de rebondir en arrière. Il s’agrippa aux barres en métal avec ses mains humaines et les fit trembler, essayant de les écarter, mais elles ne bougèrent pas. Elles ne céderaient jamais. Elles étaient entièrement faites en adamantine, le seul métal capable de blesser un dieu, le seul métal capable d’en contenir un.

— Astérion ? demanda Héra.

Astérion était le premier Minotaure ; celui qui avait vécu dans ce palais à ses origines, dans le labyrinthe qui s’étendait au-delà de cette prison.

— Oh, non, ?a fait longtemps qu’il est mort, lui. Celui-ci est ma propre création.

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