La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Donne-moi ta bague, gronda-t-il. (Il détestait se répéter.) Ou je te coupe le doigt, à toi aussi.

Ce n’était pas une menace en l’air. Thésée tenait toujours parole.

Elle le fusilla du regard, mais elle obéit, et il mit la bague dans la poche de sa veste.

— Tu m’emmènes où ? demanda-t-elle.

Il s’était attendu à ce qu’elle lui demande. Tout le monde voulait toujours savoir ?a, comme si ?a changeait quoi que ce soit.

Ce qui n’était pas le cas.

Après tout, ce n’était pas comme si elle pouvait lui échapper. Quand ils arriveraient à destination et qu’elle verrait de quoi il était capable, elle aurait trop peur pour essayer de l’affronter.

— On va à l’h?tel Diadème. Jusqu’à ce que je sois prêt à mettre en ?uvre mon plan, gr?ce à toi.

— Et c’est quoi, ton plan ?

— Je ne compte pas te montrer ma main avant d’être prêt, reine Perséphone.

Il avait espéré qu’elle réagirait davantage en l’entendant utiliser son titre, mais elle l’ignora. Cela lui déplut et une bouffée de frustration lui monta à la tête, le faisant rougir.

— Est-ce que Sybil sera là ? ? l’h?tel ?

— Oui. Tu pourras la voir. Il le faudra, d’ailleurs, pour que tu te souviennes pourquoi tu dois mener ta mission à bien.

La mortelle était dans un sale état, mais il fallait s’y attendre. Elle était l’agneau sacrificiel envoyé à l’abattoir. Sans elle, Perséphone n’aurait pas coopéré. Déméter avait eu raison au sujet de la jeune déesse ; elle aurait fait n’importe quoi pour sauver ses amis, pour sauver le monde entier.

Sa vertu serait sa perte ; et la perte d’Hadès.

Elle se tut enfin, au moins quelques minutes, mais une part de lui aurait préféré qu’elle continue à lui faire la morale, ses valeurs étaient sa plus grande faiblesse. Il les retournerait toutes contre elle, plus tard, quand il incarnerait lui-même le destin, tissant une existence tortueuse pour la déesse du Printemps, à tel point qu’elle le supplierait d’avoir pitié d’elle.

C’était ce qu’il attendait d’elle et du monde entier : la soumission et l’obéissance.

Sa queue se gorgea de sang rien que d’y penser, et il tourna la tête vers Perséphone. Elle s’était tapie dans un coin du véhicule, aussi loin de lui que possible, même si elle restait tournée vers lui, comme si elle s’attendait à ce qu’il l’agresse.

Elle était prête à se battre. Il aimait ?a. Il en avait l’eau à la bouche et sa queue tressauta.

Mais il était ma?tre dans l’art du self-control et il ne perdait pas de vue ses priorités. Il devait exécuter son plan avant de briser Perséphone.

Car il la briserait ; à tel point qu’elle ne retrouverait plus jamais les morceaux d’elle-même.

— Tu travailles avec ma mère ?

Il n’appelait pas ?a ? travailler ?. Thésée ne travaillait avec personne. Il se servait simplement de ce que les gens avaient à lui offrir, et quand il avait terminé, il se débarrassait de ce qui restait. C’était simple. Pas de gaspillage.

— Nous avons un objectif commun, répondit-il.

— Vous voulez tous les deux renverser les dieux.

— Pas les renverser, corrigea-t-il. Les détruire.

— Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as contre les dieux ? C’est un dieu qui t’a donné naissance.

— Je ne déteste pas tous les dieux. Seulement ceux qui sont inflexibles.

De nombreux dieux qui étaient prêts à assouvir ses désirs afin de retrouver l’existence qui avait été la leur avant que les Olympiens ne renversent les Titans. Contrairement à Perséphone, ceux-là se fichaient de l’humanité. Ils voulaient seulement continuer de vivre confortablement sur Terre.

— Tu veux dire ceux qui ne te laissent pas faire tout ce que tu veux ?

— Tu me fais passer pour un égo?ste. N’ai-je pas toujours voulu le bien commun ?

Mais le bien commun était un bénéfice pour tous ; même ceux qui ne s’en rendaient pas compte.

Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils comprennent qu’ils avaient le choix entre accepter son idée de l’avenir ou affronter une guerre. Et qui ne voudrait pas de ce qu’il avait prévu ? Il donnerait naissance à un ?ge d’or semblable à l’époque où Cronos avait régné. Il y aurait la paix et la prospérité. Il n’y aurait plus besoin de règles ou de lois en dehors des attentes qu’il avait pour le monde, et ses fidèles l’écouteraient parce qu’il leur donnerait ce dont ils avaient besoin.

Quant à Perséphone, qu’elle le veuille ou non, elle apporterait un printemps éternel. Il se servirait d’elle comme de tous les dieux, ceux qu’il pouvait contraindre, bien s?r.

— On sait tous les deux que c’est le pouvoir qui t’intéresse, Thésée. Tu ne fais que t’amuser à offrir aux mortels ce que les autres dieux refusent d’accorder.

Thésée ne s’amusait à rien du tout, elle s’en rendrait vite compte.

— Tu es toujours si sceptique, Lady Perséphone.

Son sourire n’eut aucun effet sur elle, contrairement aux autres. Elle ne se détendit pas et ne cessa jamais de grimacer. Elle continuait de le fusiller du regard, furieuse et défiante. En général, il aimait l’insolence, car il pouvait la punir, mais il avait besoin que Perséphone lui obéisse afin d’exécuter son plan.

Perséphone semblait plus en colère qu’effrayée, et cela l’aga?ait.

Mais peu importait, après tout, car quand tout ?a serait fini, elle aurait peur de lui en plus de le détester.

Elle serait alors parfaite.

Ils arrivèrent au Diadème et il tendit le bras pour prendre son visage dans sa main, l’obligeant à le regarder. Elle se crispa et il sut que même s’il la for?ait, elle ne cesserait jamais de lui tenir tête. Très bien. Il avait seulement besoin qu’elle lui obéisse un peu, et après ce soir, il s’en fichait.

— On va marcher, dit-il. Sache que je vais compter le nombre de fois où tu te comportes mal, et pour chaque mauvaise conduite, je couperai un doigt de ton amie. Et si je manque de doigts, je passerai aux orteils, déclara-t-il en la l?chant brusquement. Je te fais confiance pour obéir.

Ils sortirent du véhicule et il en fit le tour pour offrir son bras à Perséphone. Ses yeux brillaient de haine, mais peu de mortels étaient capables de distinguer la haine de la passion.

La déesse se comporta comme une gentille petite fille et accepta son bras.

— Est-ce qu’Héra sait que tu te sers de son h?tel pour te livrer à de la haute trahison ? demanda-t-elle à voix basse tandis qu’ils en traversaient le hall lumineux.

Il éclata d’un rire sincère. C’était rare, mais il trouvait sa question hilarante. ? l’évidence, Hadès ne lui avait rien dit. Héra lui avait proposé plusieurs étages pour qu’il s’en serve comme il le voulait. Et il ne s’en privait pas, que ce soit pour le sexe, le meurtre ou les prises d’otage.

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