La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Dans mon bureau.

— On doit aller le chercher, dit Hadès. Hécate pourra utiliser un sort de tra?age qui nous dira au moins où son doigt a été coupé.

— Qu’est-ce qu’on fait si elle n’y est pas ?

— Je ne sais pas, répondit Hadès. ?a dépendra de ce qu’on trouvera en la traquant.

Il fallait bien qu’ils commencent quelque part.

— Viens, on doit faire vite. On ne peut pas rester longtemps hors des Enfers étant donné l’état dans lequel nous avons laissé les Olympiens.

Hadès s’attendait à ce que récupérer le doigt de Sybil soit facile. Les problèmes commenceraient quand Hécate opérerait son sort de tra?age et qu’ils partiraient la sauver, mais dès qu’ils arrivèrent au bureau de Perséphone, il comprit qu’il s’était trompé.

Ce n’était pas Déméter qui était responsable.

C’était Thésée.

Il aurait d? s’en douter.

Déméter utilisait sa magie pour blesser.

Thésée utilisait des armes.

Nom de dieux, putain.

Thésée se tenait en face du bureau de Perséphone, étendu sur le canapé, parfaitement à l’aise.

— Toi ! gronda Perséphone.

Hadès garda Perséphone dans ses bras.

— Moi, répondit-il d’une voix presque chantante.

Son arrogance était palpable, rendant l’atmosphère huileuse et gluante.

— Où est Sybil ? demanda Perséphone.

— Elle est ici, dit-il en levant le doigt mutilé qu’il tenait dans la main.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Ta coopération, répondit le demi-dieu avant de regarder Hadès. J’en aurai besoin quand j’aurai récolté ma Faveur.

Le sang d’Hadès se gla?a et il planta ses ongles dans la taille de Perséphone pour la serrer plus fort. Il savait que ce jour viendrait.

Thésée avait capturé Sisyphe, le mortel qui utilisait un fuseau pour prolonger sa propre vie. Les Moires avaient été furieuses et Hadès avait su que s’il ne contenait pas la menace, elles se vengeraient. Ainsi, quand Thésée s’était présenté avec le mortel et la relique volée, en exigeant une Faveur en retour, Hadès la lui avait accordée.

— Quelle Faveur ? demanda Perséphone.

— La Faveur que me doit Hadès, dit le demi-dieu en souriant. Pour l’avoir aidé à sauver votre couple.

— De quoi il parle ?

Hadès ne répondit pas. Il était occupé à réfléchir à la fa?on dont il allait tuer Thésée et au meilleur moyen de le combattre sans que Perséphone et Sybil ne soient blessées.

— Hadès ?

— Il m’a rendu une relique qui était entre les mauvaises mains. Tu connais maintenant les effets dévastateurs d’un tel objet.

Rien de tout ?a n’était une co?ncidence. Le fuseau était la première relique que Poséidon et Thésée avaient introduite dans le monde, et elle avait servi de test. Quand elle avait causé suffisamment de panique et qu’ils avaient fini de s’amuser, Thésée lui avait apporté Sisyphe et le fuseau en échange d’une Faveur.

C’était un piège.

Et ?a avait marché.

— Qu’est-ce que tu veux de lui ? demanda Perséphone.

— Toi, répondit le demi-dieu.

Hadès tremblait de tout son corps. Il ne pensait pas pouvoir tenir Perséphone plus fort.

— Moi ? souffla-t-elle.

— Non, rétorqua Hadès d’une voix tonitruante alors que sa magie s’élevait.

— Les Faveurs sont immuables, Hadès, dit Thésée d’un ton moqueur. Tu es obligé d’accéder à ma requête.

— Je connais la nature des Faveurs, Thésée, siffla le dieu des Morts.

— Alors tu affronterais la Mort divine ? demanda Thésée en se levant.

— Hadès, non !

Hadès ignora ses prières.

— Pour Perséphone ? Oui.

— Je souhaite seulement l’emprunter. Tu pourras la récupérer quand j’aurai fini.

Hadès ne savait que trop bien ce que cela signifiait.

— Pourquoi moi ? demanda-t-elle.

— Nous aurons cette conversation un autre jour. Pour l’instant, tu dois venir avec moi, et Hadès ne peut pas nous suivre. Si tu ne fais pas ce que je dis, j’assassinerai ton amie sous tes yeux.

Perséphone parvint à se tourner dans ses bras, mais Hadès refusait de la regarder.

Ne m’obligea pas à faire ?a, pensait-il. Ne m’oblige pas à te regarder partir.

— Perséphone… chuchota-t-il en serrant les dents.

Sa gorge était nouée, son nez et ses yeux le br?laient.

— ?a va aller, chuchota-t-elle.

— Non, Perséphone.

Un poids comprimait sa poitrine et son c?ur battait la chamade.

— J’ai déjà perdu trop de gens, dit-elle. De cette fa?on… je peux tous vous garder.

Hadès avait perdu trop de gens, lui aussi, et elle lui demandait quand même de la regarder partir. Il n’en était pas capable. Il refusait de la laisser partir. Comment était-il censé la regarder s’éloigner avec un homme qui avait le pouvoir de tuer les dieux ?

Perséphone se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la bouche, mais il ne lui retourna pas son baiser et ne la l?cha pas.

— Fais-moi confiance, chuchota-t-elle.

— Je te fais confiance.

C’était à Thésée qu’il ne faisait pas confiance.

— Laisse-moi partir.

Peut-être était-ce à cause de sa fa?on de parler, mais Hadès se surprit à ouvrir les mains, comme s’il était sous l’emprise d’un sortilège. Son c?ur se battait contre sa raison.

Thésée ricana en ouvrant la porte.

— Tu as pris la bonne décision.

Hadès soutint le regard de Perséphone, incapable de la quitter des yeux. Elle fit quelques pas en arrière en le suppliant du regard. Elle lui demandait de la laisser partir, elle le suppliait de rester là. Quand elle tourna les talons, elle emporta son c?ur avec elle.

— Perséphone… dit Hadès, désespéré qu’elle revienne.

Ne pars pas avec lui, voulait-il dire. On trouvera une solution. Mais il savait qu’il n’échapperait pas à la justice divine s’il ne laissait pas cette transaction s’opérer. Il détestait l’admettre, mais laisser Perséphone partir était sans doute la meilleure option. Cela le laissait libre de partir à sa recherche, de la sauver et de déchiqueter Thésée.

Elle s’arrêta à c?té du demi-dieu et soutint son regard.

— Je t’aime, dit-elle. Et je te connais.

Il la comprenait, car il sentit sa magie à peine une seconde avant qu’elle ne jaillisse du sol pour l’immobiliser. Soudain, ses bras et ses jambes se retrouvèrent attachés au sol, qui tremblait sous ses pieds.

— Perséphone ! hurla-t-il, mais elle avait raison.

Il ne les aurait sans doute pas laissés sortir de l’immeuble avant de leur courir après, et elle ne voulait pas risquer la vie de Sybil.

Il se débattit contre ses lianes, les muscles tremblants, levant la tête juste à temps pour voir son visage anéanti avant que la porte ne se referme en claquant.





Chapitre XLIV



Thésée





Thésée escorta Perséphone à l’entrée de la Tour Alexandria, puis dans le SUV qui les attendait. Dès qu’ils furent installés, il tendit la main.

— Ta bague, dit-il.

— Ma… pourquoi ?

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