— Je t’aime, dit-il en scellant ses mots d’un baiser.
Il l’embrassa en pensant qu’un baiser lui suffirait, mais ce n’était pas le cas. Il l’attira dans ses bras et écarta ses lèvres avec sa langue pour rendre le baiser plus profond. C’était étrange à dire, mais les choses semblaient différentes, à présent. Peut-être était-ce parce qu’il n’avait jamais été aussi heureux. Quoi qu’il en soit, il était on ne peut plus conscient qu’il embrassait sa femme, sa déesse, sa reine.
— Trouvez-vous une chambre ! cria Hermès.
Hadès tint Perséphone dans ses bras quelques secondes de plus, juste pour se venger du dieu de la Ruse. Puis il l’embrassa sur le front et prit sa main pour se tourner vers les invités.
— J’ai l’honneur de vous présenter Hadès et Perséphone, roi et reine des Enfers, déclara Hécate.
Toute la foule se mit à les applaudir et à crier, et ils longèrent à nouveau l’allée, cette fois en tant que mari et femme. Quand ils passèrent derrière les arbres, il s’arrêta pour embrasser à nouveau sa déesse.
— Je n’ai jamais rien vu d’aussi sublime que toi, dit-il en l’admirant, gravant dans sa mémoire le regard intense qu’elle lui renvoyait.
Elle semblait aussi heureuse que lui.
— Je t’aime. Tellement, dit-elle.
— Venez, dit Hécate en les téléportant dans la bibliothèque. Vous avez quelques minutes pour vous avant que je revienne vous chercher pour la fête, dit-elle. Si j’étais vous, je garderais mes vêtements… et les pieds par terre.
Une fois seuls, Hadès étudia Perséphone.
— ?a m’a tout l’air d’un défi, dit-il.
— Prêt à le relever, mon époux ?
Ce mot lui comprima la poitrine et il ferma les yeux pour réprimer les larmes qui s’y formaient.
— Est-ce que ?a va ?
— Redis-le. Que je suis ton époux.
— J’ai demandé à mon époux s’il était prêt à relever ce défi.
Quand il fut certain de ne pas craquer, il rouvrit les yeux et saisit ses hanches pour l’attirer contre lui.
— J’ai beau mourir d’envie de te prendre, dit-il, j’ai prévu autre chose pour ce soir.
— Est-ce que ?a implique… une nouveauté ?
— Est-ce que… c’est ce que tu veux ?
— Oui, chuchota-t-elle.
— Et que souhaites-tu essayer ?
Il ne s’attendait pas à sa réponse.
— Je veux que tu m’attaches.
Chapitre XLI
Hadès
Elle voulait qu’il l’attache.
Une part de lui angoissait à l’idée de réessayer, surtout lors d’une soirée comme celle-ci, la soirée la plus mémorable de leur vie. Cependant, si cela se passait bien, ce serait plus beau que tout ce qu’il avait osé espérer, comme tout ce qui s’était passé jusqu’à maintenant avec Perséphone.
Il se devait d’être plus pour elle, ce soir : plus attentif, plus présent, plus communicatif. Et il pouvait l’être. Il le serait.
Hécate vint bient?t les chercher dans la bibliothèque, ce qui était une bonne chose, car Hadès était à deux doigts de partir. Elle les guida jusqu’à la salle de bal et ils s’arrêtèrent devant les portes. Hermès annon?a leur arrivée.
— Je vous présente vos Lord et Lady des Enfers, le roi Hadès et la reine Perséphone !
Les portes s’ouvrirent sur des applaudissements et des cris assourdissants.
La salle de bal était pleine à craquer, mais cela ne dérangea pas Hadès comme ?a avait été le cas à Olympe. Ils longèrent le chemin formé par les ?mes jusqu’à la cour, pour danser sous la lune et les étoiles.
Hadès attira Perséphone dans ses bras, la serrant presque trop fort pour pouvoir faire autre chose que se balancer lentement, mais il s’en fichait. C’était ce qu’il voulait : être près d’elle et la sentir pour être s?r qu’il ne rêvait pas.
— ? quoi tu penses ? demanda Perséphone après un long silence.
Ni l’un ni l’autre n’avait parlé, savourant ce moment de bonheur tranquille.
— Je pense à beaucoup de choses.
— Du genre ?
— Je pense à combien je suis heureux.
— C’est tout ?
— Je n’avais pas fini, dit-il, conscient de ce qu’elle lui demandait vraiment, car il avait senti venir sa question dès qu’ils avaient parlé de sexe. Je me demandais si tu mouillais pour moi. Si ton ventre se nouait de désir. Si tu fantasmais à propos de ce soir autant que moi, et si tes pensées étaient aussi vulgaires que les miennes.
Perséphone soutint son regard en lui répondant.
— Oui.
Hadès empoigna ses hanches en se demandant si ce serait mal vu de partir plus t?t de la fête, mais il n’était pas certain de vouloir passer le reste de sa vie à entendre les reproches d’Hécate, qui s’était tant investie dans l’organisation de leurs noces, tout comme Yuri et les autres ?mes d’Asphodèle. En réalité, de bien des manières, cette fête était autant pour son peuple que pour son couple, et il ne voulait pas les priver de leur unique chance de célébrer leurs noces, même si Hadès savait que ce qui les excitait le plus dans tout ?a, c’était que Perséphone devienne leur reine.
D’ailleurs, plus la soirée avan?ait, plus c’était flagrant, car les ?mes ne cessèrent de l’inviter à danser.
Il la regarda un moment pendant qu’Hécate se postait à ses c?tés.
— Viens, mon roi, dit-elle. Tu mérites de danser le soir de ton mariage.
Il accepta la main qu’elle lui tendait et ils se joignirent aux autres sur la piste.
— Merci, Hécate, dit-il. Je te suis infiniment reconnaissant pour tout ce que tu as fait.
— Il n’y a pas de quoi, mon cher, répondit-elle en souriant. Mais je ferais n’importe quoi pour toi. Je ferais n’importe quoi pour Perséphone.
Ses propos véhiculaient quelque chose de presque mena?ant qu’il ressentit jusque dans son ?me, comme si Hécate promettait de réduire le monde en cendres s’il leur arrivait quoi que ce soit.
Ils dansèrent un moment, puis Hadès fut entra?né dans une ronde de petites filles qui chantaient la même chanson en boucle. Il se laissa faire, tout en observant Apollon qui se tenait un peu à l’écart avec Hyacinthe. Ils étaient presque collés l’un à l’autre sans se toucher, et Hadès se demanda comment le dieu de la Musique gérait la situation, maintenant qu’il s’était entiché d’un mortel.
Hadès ne faisait pas partie de ceux qui croyaient que tout le monde avait un seul véritable amour dans sa vie. La seule raison pour laquelle il en était convaincu, en ce qui le concernait, c’était parce qu’il refusait le contraire. Parfois, il se demandait si Apollon était comme lui. Le problème de l’amour d’Apollon et Hyacinthe était qu’il avait fondamentalement transformé le dieu de la Musique, non seulement quand il était tombé amoureux mais aussi après, dans la mort.
Parfois, les gens ne s’en remettaient pas.
Quand il fut enfin libéré de la ronde des enfants, il traversa la salle jusqu’à Apollon, qui était désormais seul.
Le dieu de la Musique se crispa en sentant Hadès approcher et il se redressa en déglutissant visiblement.
— Est-ce que ?a va ? demanda Hadès.