Le liquide br?la furieusement et des flammes vertes s’en élevèrent. La fumée était épaisse et s’échappait par l’ouverture au milieu du plafond vo?té. L’Oracle apparut bient?t ; une vieille femme enveloppée par les flammes.
— Pyrrha, dit Zeus. Donne-nous la prophétie d’Hadès et Perséphone.
— Hadès et Perséphone, répéta l’Oracle. Une union puissante, un mariage qui produira un dieu plus puissant encore que Zeus lui-même.
Hadès resta silencieux, confus et choqué, cherchant désespérément à se répéter et à mémoriser chaque mot prononcé par l’Oracle. En vérité, il ne savait pas ce qu’il avait cru que l’Oracle dirait, mais dès qu’il entendit son message, il sut qu’ils étaient foutus.
Il était peu probable que Zeus permette à quiconque de se marier si son règne était en jeu.
— Zeus… gronda Hadès, crispé de la tête aux pieds, prêt à dégainer sa magie.
Mais Zeus, Héra et Poséidon l’étaient aussi.
— Hadès.
— Tu ne me la prendras pas, dit-il.
— Je suis roi, Hadès. Peut-être as-tu besoin que je te le rappelle.
— Si c’est ton souhait, je serai plus qu’heureux de mettre fin à ton règne.
Un silence tendu suivit et la menace d’Hadès plana sur eux. Ils savaient tous que ce n’était pas une menace en l’air.
— Tu es enceinte ? demanda brusquement Héra.
— Je te demande pardon ? s’étonna Perséphone, mais Hadès ne réagit pas.
Il savait que c’était impossible.
— Dois-je me répéter ? insista Héra.
— La question est inappropriée, rétorqua Perséphone.
— Elle est pourtant importante, étant donné la prophétie, répondit Héra.
— Et pourquoi donc ?
— La prophétie dit que votre mariage produira un dieu plus puissant que Zeus, dit Héra. Un enfant né de cette union serait un dieu très puissant, capable de donner la vie et la mort.
Hadès grin?a des dents.
— Il n’y a pas d’enfant, dit Hadès. Il n’y aura aucun enfant.
Poséidon rit sèchement.
— Même les hommes les plus prudents ont des enfants, Hadès. Comment peux-tu nous l’assurer, alors que vous ne pouvez même pas tenir une danse sans partir pour baiser ?
— Je n’ai pas besoin de faire attention. Ce sont les Moires qui ont ?té ma capacité à avoir des enfants. Ce sont les Moires qui ont tissé Perséphone dans mon monde.
Héra pencha la tête sur le c?té, comme si elle était curieuse, les yeux rivés sur Perséphone.
— Souhaites-tu rester sans enfant ?
— Je veux épouser Hadès, répondit Perséphone. Si je dois rester sans enfant, c’est ce que je ferai.
Hadès eut du mal à déglutir en notant qu’elle n’avait pas répondu ? non ?. Soudain, il lui semblait qu’il privait Perséphone de quelque chose.
Il y eut un nouveau silence, puis Zeus se tourna vers Hadès.
— Tu es s?r que tu ne peux pas avoir d’enfant, frère ?
— Certain.
Les Moires revenaient rarement sur leur décision. D’ailleurs, Hadès n’avait pas un seul exemple en mémoire.
— Laisse-le se marier, Zeus, dit Poséidon d’un ton presque dédaigneux, comme si tout ?a l’ennuyait. Ils ont clairement envie de baiser comme mari et femme.
— Et si le mariage produit un enfant ? dit Zeus. Je ne fais pas confiance aux Moires. Leurs fils changent sans cesse.
— Alors nous prendrons l’enfant, déclara Héra, la voix dénuée d’émotion.
C’était sans doute parce que ce n’était pas la première fois qu’elle cherchait à résoudre un problème en enlevant ou en se débarrassant d’un enfant.
Même s’ils avaient établi qu’Hadès ne pouvait pas avoir d’enfant, Perséphone lui serra si fort la main que ses ongles se plantèrent dans sa paume. Il la comprenait, les propos d’Héra lui faisaient également l’effet d’une violation.
— Il n’y aura pas d’enfant, répéta Hadès, la m?choire crispée.
Sa haine de tout ce que symbolisait cette réunion br?lait dans ses veines et il espérait que Zeus le voyait dans son regard.
Après un silence interminable, son frère finit par parler.
— Alors je bénis cette union, dit enfin Zeus. Mais si la déesse tombe un jour enceinte, ajouta-t-il en scrutant Perséphone, l’enfant sera tué.
C’était assez.
Hadès invoqua sa magie et les téléporta aux Enfers. Ils s’étaient à peine matérialisés que Perséphone tomba à genoux et vomit à ses pieds.
Chapitre XL
Hadès
Hadès s’accroupit aux c?tés de Perséphone et la prit dans ses bras pour dégager ses cheveux de son visage.
— Tout va bien, dit-il, même s’il ne le croyait pas lui-même.
Il comprenait que tout cela était dévastateur, même s’ils n’auraient pas… même s’ils ne pouvaient pas avoir d’enfants. L’idée qu’on leur enlève le fruit de leur union restait une violation. Ils avaient d? admettre des choses qui auraient d? rester secrètes entre eux.
— Mais non, ?a ne va pas ! sanglota-t-elle. Je le détruirai, dit-elle. Je le finirai.
— Ma chérie, je n’en doute pas une seconde, dit Hadès. Viens, lève-toi.
Il l’aida à se lever et prit son visage entre ses mains pour soutenir son regard larmoyant.
— Perséphone, je ne les laisserai jamais – jamais – prendre une part de toi. Tu comprends ?
Elle hocha la tête, se for?ant à inspirer. Il décida de l’emmener aux bains et il l’aida à enlever sa robe et à entrer dans l’eau. Elle s’assit en boule, les genoux sous le menton, et se détendit peu à peu dans l’eau chaude.
Hadès s’agenouilla au bord du bassin et la frotta avec du savon avant de la rincer. Il prit son temps, suivant le rythme de sa respiration, qui accéléra peu à peu. Elle saisit soudain son poignet, stoppant son geste qui l’avait mené à ses seins.
— Hadès, susurra-t-elle, les yeux rivés sur sa bouche.
L’atmosphère était lourde et fiévreuse et ils semblèrent bouger en même temps, chacun cherchant à attirer l’autre. Leurs bouches se percutèrent dans un baiser passionné et une vague de chaleur se précipita entre les jambes d’Hadès.
— J’ai envie de toi, chuchota-t-elle en s’agrippant à lui.
— ?pouse-moi, dit-il.
Elle éclata de rire.
— J’ai déjà dit oui.
— En effet, alors épouse-moi. Ce soir.
Elle se contenta de le dévisager, et il expliqua sa pensée.
— Je ne fais pas confiance à Zeus, ni à Poséidon, ni à Héra, mais j’ai confiance en nous, dit-il. ?pouse-moi ce soir, et ils ne pourront pas défaire notre union.
Il avait conscience que c’était bien plus rapide qu’ils ne l’avaient prévu, mais quelle importance, à quoi bon attendre ? Et puis, si elle l’épousait maintenant, Perséphone aurait des pouvoirs sur son royaume.
Elle l’étudia longuement, puis un sourire s’étendit sur ses lèvres.
— Oui, dit-elle.
Hadès sourit jusqu’aux oreilles, comme elle, et il l’attira à nouveau vers lui, l’embrassant jusqu’à être à deux doigts de la prendre.
— Je te prendrai ce soir, quand tu seras ma femme, promit-il. Viens, je vais invoquer Hécate.