La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Hmmm, dit Hypnos en étudiant la chambre. Il fait toujours aussi sombre, ici ?

— Tu vis dans une grotte, rétorqua Hadès. Qui es-tu pour dire qu’il fait sombre ici ?

La porte s’ouvrit et Hadès se tourna vers Perséphone qui entrait. Elle se figea en écarquillant les yeux, étudiant Hypnos qui s’était tourné vers elle.

— Bonjour, dit-elle d’un ton interrogateur. Est-ce que je… dérange ?

Hypnos ricana.

— Perséphone, voici Hypnos, le dieu du Sommeil, dit Hadès. C’est le frère de Thanatos. Ils ne se ressemblent en rien.

La bouche d’Hypnos se pin?a et il plissa les yeux.

— Elle l’aurait constaté toute seule, tu n’étais pas obligé de lui dire.

— Je ne voulais pas qu’elle se trompe en pensant que tu serais aussi gentil.

— Je ne suis pas méchant, rétorqua Hypnos. Mais je n’aime pas être en présence d’imbéciles. Tu n’es pas une imbécile, si, Lady Perséphone ?

Hadès se crispa en entendant sa question.

— N… non, répondit-elle en hésitant, clairement surprise par la question brutale du dieu du Sommeil.

Hadès soupira.

— J’ai demandé à Hypnos de venir pour qu’il t’aide à dormir, expliqua Hadès.

— Je suis s?r qu’elle l’aura compris, cracha Hypnos.

— Et toi ? demanda-t-elle à Hadès. Tu lui as dit que tu ne dormais pas ?

Hypnos éclata de rire.

— Le dieu des Morts, admettre qu’il ne dort pas ? Quelle chimère !

Hadès fusilla Hypnos du regard, mais il fit de son mieux pour réprimer son agacement en se concentrant sur Perséphone.

— Je l’ai appelé pour toi, dit Hadès en se tournant de nouveau vers Hypnos. Elle ne dort pas, et quand elle y parvient, elle est réveillée par des cauchemars. Parfois elle est en nage, parfois elle crie.

— C’est… ce n’est rien, déclara Perséphone. Ce sont juste des cauchemars.

— Et toi, tu es juste une splendide jardinière, c’est ?a ? rétorqua Hypnos.

— Hypnos ! grogna Hadès.

— Je comprends pourquoi tu vis en dehors des frontières des Enfers, marmonna Perséphone.

Hypnos haussa les sourcils et esquissa un petit sourire.

— Pour info, je vis en dehors des Enfers parce que j’appartiens encore au royaume des vivants, malgré ma sentence à vivre ici.

— Ta sentence ?

— On m’a condamné à vivre dans le monde d’en dessous parce que j’ai endormi Zeus.

— Deux fois, précisa Hadès, sentant que le dieu du Sommeil lui lan?ait un regard assassin.

— Deux fois ? Une fois ne t’avait pas suffi pour apprendre ? demanda Perséphone.

— J’ai appris, mais il n’est pas facile d’ignorer la demande de la reine des dieux. Rejeter Héra aurait rendu ma vie infernale, et personne n’a envie de ?a, hein, Hadès ?

Ce fut au tour d’Hadès de le fusiller du regard. Apparemment, le dieu du Sommeil avait entendu parler des travaux qu’Héra lui avait assignés. Il ne l’avait toujours pas dit à Perséphone, et il n’était pas certain de le faire. Cela paraissait sans importance, maintenant qu’il s’était assuré le soutien d’Héra.

— Parle-moi de ces cauchemars, dit Hypnos. J’ai besoin de détails.

— Pourquoi as-tu besoin de les entendre ? Je t’ai dit qu’elle avait du mal à dormir. ?a ne te suffit pas pour fabriquer une potion ?

— Peut-être, mais une potion ne résoudrait pas le problème. Je suis plus ?gé que toi, Milord, une divinité ancestrale, tu te souviens ? Laisse-moi faire mon travail !

Ils se dévisagèrent, puis Hypnos se concentra de nouveau sur Perséphone.

— Alors ? ? quelle fréquence tu as ces cauchemars ?

— Pas toutes les nuits, dit-elle.

— Est-ce qu’il y a un schéma ? Est-ce qu’ils te viennent après une journée particulièrement stressante ?

— Je ne crois pas. C’est en partie pour ?a que je ne veux pas m’endormir. J’ai peur de ce qui m’attend.

— Ces rêves… est-ce qu’ils sont survenus après un traumatisme ?

Perséphone hocha la tête.

— J’ai été kidnappée, dit-elle. Par un demi-dieu. Il était obsédé par moi et… il voulait me violer.

— Est-ce qu’il a réussi ?

Perséphone grima?a et Hadès faillit exploser. Des lames noires jaillirent de la pointe de ses doigts.

— Hypnos !

— Lord Hadès ! aboya Hypnos. Si tu m’interromps encore une fois, je m’en vais.

— Ce n’est rien, Hadès. Je sais qu’il essaie de m’aider.

Hypnos lui sourit chaleureusement.

— ?coute ta femme. Elle apprécie l’art d’interpréter les rêves.

— Non, continua Perséphone. Il n’a pas réussi, mais quand je rêve, il s’en rapproche chaque fois un peu plus.

La poitrine d’Hadès se comprima en l’entendant parler.

— Les rêves, les cauchemars nous préparent à survivre, dit Hypnos. Ils donnent vie à nos angoisses afin qu’on puisse les combattre. Tu n’es en rien différente, déesse.

— Mais j’ai survécu, rétorqua-t-elle.

— Penses-tu que tu survivrais si cela se produisait à nouveau ?

Elle s’apprêtait à répondre quand il l’interrompit.

— Pas dans la même situation. Une situation différente : peut-être si un dieu plus puissant te kidnappait.

Elle ne répondit rien.

— Tu n’as pas besoin d’une potion, dit-il. Tu as besoin de prévoir comment tu te battras dans ton prochain rêve. Changes-en la fin, et les cauchemars cesseront.

Sur ces mots, le dieu se leva.

— Et pour l’amour des dieux, dors, putain !

Il disparut sans prévenir et Perséphone regarda Hadès.

— Eh ben, il est sympa…

Hadès soutint son regard un moment avant de baisser les yeux sur une tache rouge.

— Pourquoi est-ce que ta chemise est tachée de sang ?

Elle écarquilla les yeux et baissa la tête.

— Ah… je me suis entra?née avec Hécate, dit-elle.

— Entra?née à quoi ?

— ? guérir.

Hadès fron?a les sourcils.

— Il y a beaucoup de sang, dit Hadès.

— Ben… je ne pouvais pas me guérir sans être blessée, répondit-elle.

— Elle veut que tu t’entra?nes sur toi d’abord ?

— Oui… c’est mal ?

— Tu devrais t’entra?ner sur des putains de… fleurs, pas sur toi-même ! Qu’est-ce qu’elle t’a fait faire ?

— C’est vraiment si important ? Je me suis guérie. J’ai réussi. Et puis, je n’ai pas beaucoup de temps. Tu sais ce qui est arrivé à Adonis, et tu as vu ce qui est arrivé à Harmonie.

— Tu crois que je laisserais la même chose t’arriver ?

— Ce n’est pas ce que je dis. Je veux être capable de me protéger toute seule.

Hadès ne pouvait quitter la tache des yeux et Perséphone finit par croiser les bras.

— Je te jure que je vais bien, dit-elle. Embrasse-moi, si tu penses que je mens.

— Je te crois, mais je vais t’embrasser quand même, dit-il en pressant ses lèvres contre les siennes, trop inquiet pour l’embrasser de la fa?on qu’il voulait, surtout après ce qu’elle avait dit à Hypnos à propos de ses rêves.

— Pourquoi tu ne m’as pas dit que j’avais la capacité de me guérir ? demanda-t-elle lorsqu’il recula.

— J’ai supposé qu’Hécate te le dirait, à un moment donné. Et en attendant, je me faisais un plaisir de m’en occuper.

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