La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Un mot ou deux ?

— Ce n’est pas comme si quatre mille ans s’étaient écoulés ! se défendit Hermès. Essaie de te souvenir aussi longtemps de quelque chose, toi !

— Pourtant, tu ne sembles avoir aucun mal à conserver des ranc?urs qui datent de cette époque.

— Tout à coup, je regrette d’avoir aidé Zeus à te sauver la vie, dit Hermès.

Hadès oubliait parfois que les deux dieux avaient un passif. Hermès avait aidé à sauver Dionysos à sa naissance en le confiant aux Hyades, des nymphes océanides qui vivaient à Nysa, pour qu’elles l’élèvent.

— Peut-être que tout le monde aurait gagné à ce que tu ne le fasses pas, dit Dionysos.

Le dieu de la Ruse p?lit en entendant ces mots et Hadès intervint avant qu’un silence tendu s’installe.

— C’est une prophétie, Hermès. Un mot ou deux peuvent changer le sens tout entier.

Hermès leva les bras et les laissa retomber.

— Eh bien, je n’ai jamais prétendu être oracle !

— Alors nous devons en interroger un, dit Hadès.

Peut-être la prophétie avait-elle changé ou n’en était-elle plus une ? Mais Hadès savait que ce serait trop beau pour être vrai. Les Moires ne ramèneraient pas une créature à la vie si elles ne souhaitaient pas que celle-ci représente un défi pour les dieux.

— Et nous devons trouver l’Ophiotauros avant que d’autres le fassent.

— Contre qui faisons-nous la course ? demanda Dionysos.

— Je mise sur Poséidon et sa progéniture, dit Hermès. Cet enfoiré a toujours couru après le pouvoir.

Hermès semblait partager l’avis d’Hadès. L’Ophiotauros pouvait vivre sur terre, mais également dans l’eau. Poséidon sauterait sur la première occasion de renverser Zeus, mais Thésée et Héra aussi. Hadès savait déjà que le demi-dieu et la déesse du Mariage travaillaient ensemble, mais il soup?onnait le dieu de la Mer de nourrir le désir de Thésée de renverser les Olympiens. Restait à savoir s’il pensait son fils capable d’y parvenir.

Parfois, Hadès se demandait qui tirait les ficelles et qui ne faisait que jouer. Or il avait une certitude : s’il pouvait être le cerveau de l’opération, il le serait.

— On ne peut pas se permettre que la créature se réfugie dans la mer, dit Hadès.

Elle serait alors dans le territoire de son frère et donc hors de portée. Même si Hadès proposait un marché, Poséidon n’accepterait jamais de céder une telle arme.

— Dans ce cas, on perd un temps précieux à parler au lieu de partir en chasse, dit Dionysos.

— Le problème, c’est que l’on ne sait pas par où commencer, Dionysos, dit Hadès. ? moins que tu aies des informations que nous n’avons pas ?

Dionysos ne répondit rien.

— Nous devons faire très attention lors de nos recherches, dit Ilias. La rumeur circule déjà sur le marché noir. Tous ceux qui évoluent dans l’ombre s’attendront à ce que vous vous en mêliez.

Et ils avaient raison, même si Hadès savait que cela ne les arrêterait pas. Dans les tréfonds du marché noir, peu étaient ceux qui redoutaient sa colère, et Hadès ne prenait pas cela pour une insulte. Il est difficile de craindre la mort quand on y fait face chaque jour. Mais cela signifiait qu’il était piégé dans une compétition visant à localiser l’une des armes les plus puissantes à avoir jamais été créées contre les dieux.

— Dans ce cas, peut-être que mes Ménades devraient mener l’enquête, proposa Dionysos, mais Hadès l’ignora et se tourna vers Ilias.

— Mets Ptolémée sur le coup, mais garde un ?il sur lui. Je ne fais confiance à personne dans cette histoire.

— Même à moi, à l’évidence, dit Dionysos.

Hadès dévisagea le dieu de la Vigne.

— Tu vas prétendre que tu n’as pas déjà envoyé tes tueuses sur le terrain ? Tu n’attends pas la permission, Dionysos, tu la prends.

Le dieu de la Folie ferma la bouche et détourna le regard. Hadès ne sut s’il était amusé ou agacé.

— Et que fera-t-on si on trouve la créature ? demanda Zofie. Est-ce que tu la tueras ?

Hadès ne répondit rien, car il ne savait pas. Il supposait que cela dépendrait de ce que l’oracle dirait des pouvoirs de la bête, même s’il doutait que tous ceux qui cherchaient l’Ophiotauros prendraient la peine de vérifier la véracité de la prophétie.

La créature avait une prime sur la tête et un compte à rebours sur le c?ur.

— Vous êtes tous excusés, dit Hadès.

Il voulait retourner aux Enfers, auprès de Perséphone. Il aurait d? y être toute la nuit, niché contre son corps chaud après qu’ils avaient fait l’amour. Il était furieux de ne pas avoir pu rester à ses c?tés. Même la nuit suivant leurs fian?ailles, il avait d? s’absenter pendant qu’elle dormait pour rassembler des informations sur l’Ophiotauros et chercher à découvrir où Déméter s’était réfugiée.

Il essayait de ne pas voir la situation comme un mauvais augure de ce qui les attendait, mais il savait qu’une bataille se dessinait à l’horizon. Il avait toujours su qu’il ne serait pas facile d’épouser Perséphone, étant donné que sa mère était l’une de ses détractrices les plus féroces. Pourtant, même si la neige tombait en plein été, il s’inquiétait surtout à propos de Zeus.

Son frère aimait le contr?le, surtout lorsqu’il s’agissait de contr?ler les dieux, et il aimait avoir son mot à dire au sujet des mariages.

Hadès serra les poings en y pensant.

Il épouserait Perséphone, quelles que soient les conséquences. Car en fin de compte, une vie sans elle n’était tout simplement pas une vie.





Chapitre II



Dionysos





Dionysos quitta Nevernight et rentra à Bakkheia, dans la suite où il avait l’habitude de séjourner malgré le domaine qu’il possédait près de Thèbes. Ce n’était pas qu’il trouvait son club plus confortable que sa villa, mais il ne supportait pas le silence de sa maison. La tranquillité ne l’apaisait pas ; elle ne faisait que susciter chez lui des pensées qui le minaient.

Même maintenant, il n’était pas complètement débarrassé de cette voix incessante qui lui disait qu’il n’en avait pas assez fait, qu’il n’était pas à la hauteur. Mais au moins, ici, il pouvait noyer la voix dans le bruit, la fête et la folie.

Il observait tout cela depuis sa suite, qui avait été désertée par ses fêtards habituels après qu’il avait été invoqué à Nevernight. Même au petit matin, son club était bondé. La musique vibrait dans son ?me et faisait battre son c?ur plus fort. Des lasers fendaient la pénombre, éclairant les visages en sueur et empourprés, révélant les couples pris dans des étreintes charnelles.

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