La saga d'Hadès - Tome 01 : A game of fate

— Personne ne t’a forcée à le subir, dit-il. Que fais-tu ici, de toute fa?on ? N’y a-t-il pas quelques mortels pathétiques qui méritent ta tourmente ?

— Personne ne mérite ma tourmente, répondit Hécate. Je suis un fléau pour les hommes.

— Tu es un fléau, ?a, c’est clair, marmonna-t-il.

— J’ai entendu ! rétorqua-t-elle.

— Je sais, dit Hadès.

— Et toi ? Pourquoi tu boudes sur ton balcon au lieu de dormir avec ta bien-aimée ?

— Je ne boude pas.

— Tu boudes tout le temps, dit-elle.

Il la fusilla du regard, ne voulant pas se disputer avec elle.

— Si tu veux tout savoir, je n’arrive pas à dormir.

— Tu t’inquiètes trop ?

Il ne répondit pas.

— Peut-être que tu ne devrais pas t’inquiéter quand tu es avec elle, suggéra Hécate.

— C’est justement dans ces moments-là que je m’inquiète le plus, expliqua-t-il, puisque cela le confrontait à ce qu’il risquait de perdre si quelqu’un s’opposait à lui.

— Tu dois avoir confiance dans le fait que votre amour est plus fort que n’importe quel dieu, dit Hécate.

— Ce n’est pas notre amour qui m’inquiète. C’est ce que je suis prêt à détruire pour le préserver.

— Depuis quand rechignes-tu face au carnage ? demanda-t-elle.

— Depuis que j’ai décidé d’épouser la déesse du Printemps.

— Que tu peux être bête, dit Hécate. Ce choix ne t’a jamais appartenu.

Ses propos le mirent mal à l’aise. Il n’aimait pas beaucoup les Moires et leurs fils. Il aimait penser qu’il aurait choisi Perséphone même si elles n’avaient pas entremêlé leurs vies et qu’elle l’aurait peut-être choisi aussi, car il savait qu’elle craignait que leur histoire ne se résume qu’à ce que les Moires leur offraient.

Il se demanda si elle le pensait encore, ou si elle avait commencé à croire que leur amour était peut-être plus grand qu’un fil invisible.

Une part de lui préférait ne pas le savoir.

— Ne fais pas comme si Perséphone ne savait pas qui elle a choisi d’aimer, dit Hécate. Elle te voit tout entier. Après tout, elle est la déesse du Printemps. Elle est accoutumée à la vie et à la mort.





Chapitre IV



Hadès





Hadès rejoignit Perséphone, mais il ne dormit pas, ce qu’elle ne manqua pas de remarquer. Elle se leva aux alentours de midi et fron?a les sourcils en le regardant, caressant sa pommette du bout du doigt. Hadès lui prit la main et embrassa la pointe de ses doigts.

— Je vais bien, dit-il.

— Pourquoi mens-tu ?

Pour te protéger, voulut-il répondre.

— Que vas-tu faire aujourd’hui ? demanda-t-il plut?t.

Elle le regarda d’un air étrange.

— Je présume que tu me poses la question parce que tu ne comptes pas rester…

— J’ai des affaires à gérer dans le royaume des mortels.

— Un dimanche ?

Elle ne lui posait pas la question par suspicion, mais plut?t parce que c’était inhabituel.

En général, il passait ses week-ends reclus aux Enfers avec elle. Parfois, ils ne sortaient même pas de la chambre ; d’autres fois, il l’emmenait explorer des parties des Enfers qu’elle n’avait jamais vues.

Quoi qu’ils fassent, Hadès tenait à ce temps avec elle et, s’il détestait faire une croix dessus, il savait que sa mission ne pouvait pas attendre.

Il fallait qu’il sache si l’Ophiotauros s’était réincarné avec une prophétie.

— Je me rattraperai, dit-il.

Perséphone ne répondit rien et son silence le laissa penser qu’il l’avait blessée. Elle s’assit et se tourna pour poser les pieds par terre, Hadès ne quitta pas des yeux son dos nu, hypnotisé par la fa?on dont ses cheveux reflétaient la lumière et brillaient comme des fils d’or.

— Je vais rendre visite à Lexa, dit-elle, répondant à sa question.

La poitrine d’Hadès se resserra douloureusement en entendant le prénom de la meilleure amie de Perséphone. Il l’avait toujours appréciée, mais il devait admettre qu’il n’avait compris l’ampleur de leur amitié que lorsque Perséphone avait été confrontée à sa mort.

Cela allait au-delà d’une simple amitié ; elles étaient des ?mes s?urs, et il n’avait pas compris que Perséphone avait eu besoin qu’il lui donne plus que ce qu’il avait fait à la mort de Lexa. Il ne se le pardonnerait jamais, car son attitude avait poussé Perséphone à chercher de l’aide ailleurs, auprès d’Apollon notamment, dont la flèche avait guéri les blessures physiques de Lexa, mais pas sa psyché, la condamnant à une existence différente aux Enfers, une existence qui faisait souffrir Perséphone autant que Lexa.

Sa meilleure amie ne serait plus jamais la même, et Hadès ne savait combien de fois Perséphone se rendrait aux Champs ?lysées avant de comprendre que Lexa ne reviendrait pas.

La version de Lexa qu’elle avait aimée était morte.

— Combien de temps ? demanda-t-il, faute de mieux.

— Jusqu’à ce qu’elle fatigue, répondit-elle d’un ton qui dit à Hadès qu’elle s’effor?ait de cacher sa tristesse. Mais ce ne sera pas long… elle se fatigue vite. Est-ce que c’est normal, pour les ?mes qui sont aux Champs ?lysées ?

— Oui, c’est normal.

Il ne souhaitait pas lui dire que Lexa se fatiguait sans doute très vite parce que Perséphone la défiait. Même si elle savait qu’elle ne devait pas lui parler de leur passé commun ni parler longtemps du monde mortel, Perséphone ne pouvait sans doute pas s’en empêcher, ce qui impliquait que l’esprit de Lexa travaillait dur pour digérer et réapprendre ce qu’il avait oublié. Même les émotions étaient une expérience nouvelle, aux Champs ?lysées.

Perséphone resta silencieuse un moment, puis elle se leva, nue et sublime, et se rendit dans la salle de bains. Le bruit de la douche suivit et Hadès envisagea de la rejoindre, mais il avait la nette impression qu’elle voulait être seule, donc il se leva et s’habilla à son tour.

Cette journée lui paraissait étrange, contraire à sa routine habituelle.

Il détestait ?a.

Il envisagea de rester là avec Perséphone, mais des choses plus importantes s’opéraient et l’idée de procrastiner l’angoissait. L’Ophiotauros ne pouvait exister longtemps sans conséquence, or il n’était pas seulement une menace pour Hadès, il en était une pour tous les dieux, et si certains méritaient de mourir, il préférait que ce pouvoir ne tombe pas entre les mauvaises mains.

Un nuage de vapeur s’échappa de la salle de bains quand Perséphone en sortit, enveloppée dans une serviette.

— Tu es encore là ? s’étonna-t-elle.

Hadès fron?a les sourcils.

— Depuis quand je pars sans dire au revoir ?

Elle ne répondit rien et il s’approcha d’elle, effleurant son menton du bout du doigt.

— Je sais que tu m’en veux.

— Je ne t’en veux pas. Je pensais simplement que cette journée serait différente, répondit-elle avant de prendre une grande inspiration. Yuri et Hécate veulent me voir à propos du mariage.

— C’est une mauvaise chose ?

— Non, répondit-elle d’un ton hésitant. Mais je… je ne sais pas ce que tu veux.

Il l’étudia et quand elle voulut tourner la tête, il prit son visage dans ses mains pour l’en empêcher.

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